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Krishna ne peut être que d'essence divine pour s'asseoir sur cette balançoire qu'un être humain normalement constitué ne pourrait utiliser sans y risquer sa vie. Le premier problème à résoudre concerne l'échelonnement des plans. Tandis que Krishna est assis au premier plan, les cordes de sa balançoire sont attachées à une branche, qui, du fait qu'elle s'éloigne en arrière du tronc, est située au troisième plan. Cela ne serait guère gênant si l'enfant divin se balançait d'avant en arrière (quoiqu'une grosse branche, placée en-dessous de celle qui soutient la balançoire, ne manquerait pas de perturber son trajet). Mais, le second problème est que Krishna, poussé et tiré par les femmes qui l'entourent, balance de gauche à droite, le violet de son visage oscillant incessamment d'un drapé jaune à l'autre. L'orientation contradictoire du dispositif (d'avant en arrière) et de la trajectoire (de gauche à droite) rend donc ce jeu impossible. En fait, nous avons là une superposition inversée, car en modifiant l'ordre des plans, la situation pourrait redevenir normale. Il suffirait pour cela d'éloigner l'assise de la balançoire, les deux enfants et les deux femmes au troisième plan, légèrement en arrière du tronc pour que tout, ou presque, rentre dans l'ordre. En cette image, le miniaturiste n'a pas réussi à concilier la latéralité indienne avec la profondeur européenne. Le paysage, la ville aperçue au loin et peut être l'arbre principal, manifestement inspirés d'une gravure, n'arrivent pas à s'accorder avec les profils indiens.
RÉFÉRENCES Krishna sur la balançoire, style de Guler, vers 1750-1760, 202x158 mm., Londres, British Museum, 1948-10-9-0111.
REPRODUIT DANS La peinture indienne, texte de Douglas BARRETT et Basil GRAY, Éditions d'Art Albert Skira, Genève 1963, ISBN 2-605-00060-5 (voir page 173).
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