Nature morte, 1956, huile sur
Morandi, "Nature morte", 1956, huile sur toile, 30x35 cm, Vitali n°1002.
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Juin 2006

Avant d'aborder les contacts ambigus, nous allons terminer par cet alignement équivoque. Cette masse d'objets ramassés sur eux-mêmes est, à l'évidence, une accumulations de contacts, qui plus est réels. Pourtant, tout en conservant les mêmes éléments, il serait possible de réaliser un véritable alignement où chaque objet serait séparé de ses conjoints par un espace plus ou moins important. C'est en cela, que nous ne parlerons que de la ligne continue (mais qui pourrait tout autant être discontinue) qui enserre, englobe et délimite cette masse.
À la différence de l'alignement rectangulaire précédent, nous n'avons pas ici le sentiment d'un aplatissement de l'espace. Bien au contraire, en raison de la contiguïté visible et évidente des volumes, nous arrivons aisément à échelonner les objets dans l'espace. Seul peut-être, le goulot de la bouteille sombre située à gauche en arrive à rabattre à la verticale le supposé sommet du volume pâle qui lui est conjoint. L'alignement de ces deux sommets est tout ce qui nous reste de ce que nous connaissons.
Que reste-t-il donc d'ambigu en cette image ? Un enchâssement, si peu croyable d'éléments différents, que l'on pourrait supposer qu'ils ont été spécialement construits, à la manière d'un puzzle, pour venir s'imbriquer les uns dans les autres afin de former ce contour polygonal, continu et fermé. Les Morandiens savent pourtant bien que le peintre travaillait toujours avec les mêmes objets dont il n'arrêtait pas de varier les combinaisons. Avec cette disposition si particulière, nous atteignons en fait la limite de l'ambiguïté plastique et de l'équivoque de la reconnaissance formelle. D'un coté, nous perdons l'ambiguïté spatiale en raison de la vue en plongée sur ces éléments, qui, si elle ne permet pas de montrer l'emplacement des bases sur le plateau, suffit à échelonner leurs sommets grâce à l'étagement dans l'espace. En revanche, nous gagnons un contour polygonal, qui, bien que moins prégnant que le rectangle précédent, en arrive à créer une surface découpée à la surface de la toile (et j'insiste : il en serait de même si tous les éléments étaient légèrement disjoints). En dépit des ombres, propres ou portées de limites soulignées, nous avons ce puzzle rassemblé sur trois bandes de peinture rabattues à la verticale, qui, si ce n'étaient les coloris, pourrait évoquer une toile de Poliakoff.

Tracé sur une "Nature morte" de Giorgio Morandi

 

Peinture visible à :
Collection Domeniconi, Modène
Image reproduite dans :
Morandi, catalogue d'exposition, Hôtel de Ville de Paris, Éditions Mazzotta, Milan, 1987, p. 79.

 

 

 

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