LE DOUANIER ROUSSEAU, Le peintre
DOUANIER ROUSSEAU, "Le peintre et son modèle", 1900-1905, huile.
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Avril 2005

La question que pose cette toile du Douanier Rousseau est de savoir si le peintre et son modèle pourront un jour se rencontrer autrement qu'à l'image des deux barrières qui se poursuivant de manière impossible ?
Une première barrière située à droite s'éloigne de nous. Pour marquer cette orientation, la diminution de taille échelonne les piquets du plus grand au plus petit, du proche au lointain. Une seconde barrière placée à gauche s'éloigne, elle-aussi, mais de manière beaucoup moins prononcée. Pour marquer cette différence, ses piquets gardent une dimension presque constante.
Cet angle du parc, qui marque la frontière entre la nature réglée par l'homme et la nature désordonnée, ne tient pourtant pas debout. À suivre le trajet des traverses longitudinales, nous les voyons épouser une direction commune qui contredit l'angle que la diminution de taille et les lignes de sol des piquets s'efforcent de mettre en place. En cela, nous obtenons, par l'alignement de la direction des traverses, une mise sur un plan commun et frontal des deux barrières censées se rejoindre de façon angulaire.
 

Tracés opérés sur "Le peintre et son modèle" du Douanier Rousseau.

 

Cette représentation d'un espace paradoxal pourrait être surmontée en supposant que la ligne continue des traverses représente la ligne d'horizon, tant il est vrai que les fuyantes des bases des troncs et des piquets de droite se rejoignent sur la traverse, légèrement au-dessus du chapeau du peintre. Tant il est vrai aussi que la traverse de droite semble jaillir de l'oeil du modèle, pour en faire la ligne d'horizon de ce personnage. Malheureusement, la ligne de faîte des feuillages tend à renier ce désir de tridimensionnalité, qui, par sa rectilignité (l'alignement des directions des fuyantes supérieures des deux rangées d'arbre) renie la profondeur que la base des troncs s'efforçait de mettre en place.
Là encore, à l'instar de la
Cour du même Douanier Rousseau, nous retrouvons l'écart constant entre profondeur et platitude que le peintre reproduisait, de peinture en peinture, sans malice apparente.

De mon coté, je me suis bêtement contenté de plagier ce détail intelligent d'une peinture dite naïve, pour produire une série de barrières, dont un exemplaire est visible ci-dessous (voir le dessin).
 

Figure impossible : "Barrière", graphite, fin XXème
 

Reproduit dans :
VALLIER Dora,
Henri Rousseau, Coll. Les maîtres de la peinture moderne, Flammarion, 1979.
 

 

 

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