|
Pourquoi Saint-Georges tuerait-il ce dragon ? Est-il si féroce qu'une jeune damoiselle, inconsciente du danger se permette de le tenir en laisse ? D'ailleurs et à bien y regarder, Saint-Georges ne peut pas tuer le dragon. Pour s'en convaincre, nous devons observer la position au sol des différents protagonistes. Celle du corps du dragon nous est donnée par l'emplacement des pattes au sol et celle de sa tête par la flaque de sang qui s'écoule de sa machoire. Quant à Saint-Georges, nous constatons que les sabots arrières de son destrier sont en léger retrait des pattes, que nous qualifierons de médianes, du dragon. Mais pour situer la lance, nous devrions plutôt tracer la verticale qui part de l'encolure du cheval (cachant la main du saint tenant la lance) pour rejoindre le sol. Bien que ce tracé ne puisse être sûr, nous devinons que la poignée de la lance est à peu près à la même profondeur que la tête du monstre. À considérer alors le trajet oblique tant du cheval que du cavalier et de l'arme qu'il tient en main, nous pouvons affirmer que cet homme là, en dépit de toute sa sainteté ne peut raisonnablement atteindre la tête de ce dragon.
Nous avons là un faux contact, qui, à la manière des Poutres de Hogarth (ci-dessous), réunit deux éléments que les lois bien comprises de la représentation spatiale interdisent de se rencontrer. De même que la poutre oblique ne devrait pas rejoindre la poutre horizontale trop éloignée, la lance du saint ne peut atteindre la tête du dragon trop en retrait. La pointe de la lance se doit de passer en avant de la tête, tout comme la poutre oblique devrait devancer et recouvrir le chevron horizontal. Mais, tandis que William Hogarth se permettait de jouer avec une perspective aux rêgles alors bien établies, Paolo Ucello essayait seulement de maitriser les lois d'une science alors naissante.

WEBOGRAPHIE http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Saint_George_and_the_Dragon_by_Paolo_Uccello_(London)_01.jpg , St. Georges et le Dragon, huile sur toile, 57x 73 cm, circa 1456, National Gallery, Londres.
BIBLIOGRAPHIE , Satire on false perspective, gravure sur cuivre, 1754. Détail du frontispice du livre de , Dr. Brook Taylor's Method of Perspective made Easy, both in Theory and Practice, 1754.
RETOUR AU SOMMAIRE
RETOUR À L'ACCUEIL
|
|