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FIN DES PHOTOS AVEC DES OMBRES QUI APPROFONDISSENT Au Musée des Beaux-Arts de Lyon, par une belle journée ensoleillée de printemps, la muse peut venir vous taquiner. Elle vous fera prendre des vessies pour des lanternes, l'ombre pour la proie, la silhouette pour l'objet. Mais, à la différence de la fille de Boutades, potier de Sicyone qui, à la lumière d'une lampe et à l'aide d'un baton noirci avait tracé le contour de son amant sur le mur, afin de conserver son image avant qu'il ne parte à la guerre, vous avez la silhouette et l'objet : le réel en même temps que sa représentation. Voici donc le mythe de la naissance du dessin que toutes les ombres répètent, allant parfois jusqu'à produire les illusions fabriquées et dessinées auxquels nos yeux succombent. Car ici, à l'encontre de la légende, l'ombre portée ne semble faire qu'un avec l'objet dont elle émane. Au point que, poursuivant la trajectoire du métal, elle donne à voir, un immense collier barbare, fait de cercles métalliques entrelacés, égaré dans cette cour à l'italienne par une des muses ailées nichée dans un des coins du musée. Pourtant, cette vision est des plus fugitives, qui n'est possible que du point de vue particulier où nous nous tenons. Un pas à gauche, un pas à droite, et tout ce bel édifice visuel, cette surprenante reconstruction mentale du réel, s'écroulerait, pour nous révéler l'angle, changeant et temporaire, que forme l'ombre avec son objet.
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