Platanes, Paris, 2007.
Ombre-Platane
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PLANSITE--------SITEMAP----

 

Avec cette image, nous allons commencer une série inédite. Non pas tant qu'une nouvelle catégorie plastique de l'ambigu ait été découverte dans la jungle urbaine par l'explorateur à l'appareil photo jetable mais en ce que les éléments qui donnent lieu à équivocité forment un couple jusqu'ici jamais vu.
Vous trouverez en cette photographie des quais parisiens une contiguïté qui unit de façon totalement illusoire une ombre à un élément réel. Certains penseront que le webmestre est devenu fou puisque toute ombre est conjointe à l'objet qui l'origine (objets volants exceptés). Mais vous avez mal lu, ou bien encore m'avez mal compris : j'ai parlé de la contiguïté illusoire d'un couple inédit. Cherchez et vous trouverez.
...
Ainsi, partant du quai, là où un platane porte une ombre franche et nette sur le sol, votre regard, a suivi la surface d'ombre, est remonté dans l'image, dépassant le rehaut de la muraille pour atteindre le sommet du muret qui marque la limite de la chaussée supérieure, jusqu'au tronc d'un second platane, planté là, bien loin du premier. Procédant ainsi, et en dépit de la rupture colorée, vous avez aligné et mis en contact le tronc du platane éloigné avec l'ombre de celui qui se trouve au premier plan. Procédant ainsi, vous avez eu la grâce d'imaginer ce platane insolite et impossible, mélange de platitude ombrée et de cylindre d'écorce, qui pourrait être la projection, mi réelle, mi fantastique, de l'arbre situé au premier plan.
Pour en arriver là, votre regard s'est laissé conduire par deux principes plastiques. Le premier est l'alignement équivoque qui veut que l'ombre du premier tronc semble poursuivre son trajet, sa trajectoire et son parcours, dans l'écorce du second. Sans cet alignement, vous n'auriez pas pu imaginer la suite : le contact équivoque des surfaces. C'est donc ainsi que vous en êtes arrivés à réunir à l'intérieur d'un même plan, à une même et improbable distance, deux éléments éloignés l'un de l'autre : l'ombre proche du premier platane avec le tronc lointain du second.
La combinaison de ces deux principes a réalisé ce que je vous annonçais en préambule. Vous avez bien d'un regard hagard et égaré, opéré l'union impossible de deux éléments issus de deux réalités différentes : l'ombre et la lumière, le plat et le volume, l'image dans le réel et un objet du réel.

 

SUITE

 

Ombre du réverbère.

 

En cette même journée hivernale et ensoleillée, poursuivant votre marche sur le quai, vous auriez pu rencontrer un autre contact équivoque. En dépit des apparences, cette nouvelle photographie présente un contact qui réunit deux éléments étrangers l'un à l'autre. Alors que l'image précédente unissait l'ombre d'un premier platane au tronc d'un second, nous allons maintenant associer deux éléments de nature totalement différente, sans pourtant que leur réunion surprenne le regard ou paraisse invraisemblable à un premier entendement.
Partons cette fois de la chaussée supérieure. Un réverbère parisien se détache sur le fond d'azur. Nous le distinguons de la jungle de platanes, tant par ses reflets métalliques que par la rectitude de son fût. Mais fait étrange, bien qu'étant recouvert par les branches des arbres plantés sur la chaussée supérieure, sa base semble fixé de ce coté-ci du muret et pourrait même traverser le ressaut de la muraille pour aller s'enterrer sous les pavés du quai de Seine. Vous aurez deviné que le tracé sombre sur la muraille ne fait pas partie du réverbère. Nous avons là, en dépit de sa quasi rectilignité, l'ombre portée d'une branche du platane qui du quai s'élance en oblique vers la
Seine en formant une fourche. La base du réverbère se révèle être l'ombre de la branche gauche de cette fourche.
Mais peu importe, ici encore, nous voyons s'accomplir le travail du contact et de l'alignement équivoques. Tandis que le contact colle le métal et l'ombre à la surface de la photographie, l'alignement fait coïncider leurs contours tout en leur attribuant une direction commune.

 

SUITE ET POURSUITE

 

Cheminee-Ombre

 

Dans cet environnement totalement urbain, des coïncidences de contact et d'alignement peuvent toujours réunir des éléments du réel. Ainsi, levant encore une fois les yeux au ciel, à cette heure là de la journée et à cet endroit précis d'un trottoir fort dépourvu en crottes de chien, vous auriez pu apercevoir cet accord impossible entre l'ombre de la cheminée de l'immeuble situé derrière vous et la véritable cheminée du pignon de l'immeuble situé en face de nous.
En cette image, les coïncidences et continuités sont cependant moins assurées que celles des photos précédentes, étant remises en cause par nombre d'indices contraires. En premier lieu, nous perdons la rectilignité des ombres, qui nous faisait passer plus facilement d'une forme à l'autre. En second lieu, l'ombre portée de la cheminée invisible est plus large que le conduit de la cheminée visible. Et enfin, plus grave encore, les couleurs ne s'accordent plus. Alors que l'ombre est uniformément sombre, une moitié de la cheminée est dans l'adret et l'autre dans l'ubac. Tout cela fait que le contact de ces deux surfaces est moins crédible, même si nous pouvons supposer, en un ultime rebondissement de pensée, que l'ombre pleine est la marque d'un conduit partant brutalement en oblique afin d'épouser l'orientation de la corniche.
De plus, un autre élément de réflexion nous pousse encore à cultiver cette hypothèse. C'est qu'ici, à la différence de la photo précédente, nous essayons de marier deux surfaces appartenant à un même type d'élément architectural : la cheminée. Pourtant, en dépit de ce beau cheminement de pensée, l'identité conceptuelle des éléments n'arrive pas à contrebalancer les failles de leur graphisme.

 

 

 

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