FRAC Le Plateau, Paris, 2006.
Ombre alignée du Plateau.
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DÉBUT DES PHOTOS AVEC DES OMBRES QUI APLATISSENT

Marchant aux alentours d'un Centre d'Art Contemporain, gratuit et ouvert au public le dimanche, déambulant sous un soleil d'hiver après avoir réussi au bout de vingt bonnes minutes à garer la voiture (prenez donc le métropolitain), je sortis mon appareil photo jetable, et depuis jeté, pour fixer sur le papier cette oblique presque sublime, qui, partant du pignon sombre orné de cheminées d'un immeuble ancien, poursuit son trajet insensé par l'entremise de l'ombre portée de ce premier pignon sur le pignon orthogonal et adjacent de l'immeuble suivant, pour enfin terminer sa course à l'extrémité de la quatrième bordure inférieure de la fenêtre du troisième étage de la façade de ce même bâtiment.


Ombre-du-plateau-2

 

Cette grande diagonale, qui n'est pas sans rappeler les lignes de construction de tableaux classiques ou baroques, poursuit peu ou prou le même objectif : structurer la surface de l'image. Pourtant ici, à la différence de La Mort de Sardanapale, aucune direction de lecture n'est indiquée. Pire encore, cette oblique ne sert même pas à indiquer la moindre profondeur, fut-elle rabattue, fuyante ou cavalière. Bien au contraire, alors que nous avons là des volumes connus, cette ligne nous engage à refuser ces blocs pour ne voir là que de la platitude, encore de la platitude, toujours de la platitude. Serions-nous donc plus proche de Cézanne que de Delacroix ? D'une certaine manière, puisque ce dernier cherchait sans cesse l'angle, le point de vue, sous lequel sa vision du paysage pourrait le mieux prêter le flanc à la platitude. Ne manquant pas parfois de tricher : courbant une branche par ci, en épaississant une autre par là, allant même jusqu'à en supprimer, alors qu'il aurait été si simple de tourner autour du sujet avec un appareil photo jetable jusqu'à ce qu'apparaissent les coïncidences recherchées, qui, tapies dans le réel, n'attendaient qu'un regard pour être révélées.
Mais en cette photo, il y a malgré tout quelque chose que
Cézanne n'a, à ma pauvre connaissance, pas utilisé dans le but d'aplatir la représentation. A-t-il jamais employé l'ombre à cette fin ? Des ombres portées serviraient-elles à structurer certaines de ses toiles ? Chercheurs sachant chercher, ne manquez pas, s'il vous plaît de chercher dans la part d'ombre de Cézanne afin de me rassurer : serais-je le simple et déjà suffisant continuateur post-moderne d'un oeuvre célèbre ou l'innovateur suffisant et vaniteux, qui subirait sans l'avouer l'influence bien trop lourde à porter pour lui d'un peintre, qu'il se contenterait de plagier en appliquant sa problématique à un autre médium ?
De toutes manières et quoiqu'il en soit, tout ayant déjà été dit et tout ayant déjà été réalisé, promenez-vous autour du
Plateau, le bien-nommé, par un jour d'hiver au ciel vif, aux alentours de las quatros de la tarde pour être face à l'aplatissement de nos vies sorties de la soi-disante origine tridimensionnelle du monde.

 

 

 

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