Abstraction réaliste, Paris, 2007.
Poteau-Iena-2
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PLANSITE--------SITEMAP----


FIN DES PHOTOS AVEC UN ALIGNEMENT DISCONTINU

Pieux chrétiens, vous dirigeant vers la station Iéna, vous pourriez, par une belle journée ensoleillée, être confrontés à une vision céleste : une croix flottant dans les airs au-dessus du crâne d'Adam que la légende religieuse s'est complue, en une prémonition des récits en boucle et des mises en abîme du nouveau roman, à placer sur le Golgotha. Piteux chrétiens, vous n'avez pourtant là qu'une vision terrestre, car tout est vrai dans cette abstraction réaliste.
Marchant sur le trottoir, vous vous dirigez vers un des nombreux panneaux d'interdiction de stationnement, qui, au mitan de son poteau, possède une plaque rectangulaire évoquant la possible mise en fourrière de votre véhicule. Du poteau vous avez le fut métallique réel et du panneau l'ombre portée au sol. Donc point de croix ici, si ce n'est son illusoire forme due à la contiguïté équivoque de deux éléments échelonnés dans l'espace. Quant au crâne d'
Adam, celui-ci n'est que l'ombre de la tête cabossée du piéton photographe qui se dirigeait vers la succursale d'Euro Disney sise au palais de Tokyo, afin de parfaire sa culture populaire, populiste et populeuse.

 

Poteau-Iena-1
 

La photo présentée ci-dessus, prise le même jour à quelques mètres de là, vous fera peut-être mieux comprendre la rencontre illusoire, effet d'une contiguïté équivoque, d'un poteau métallique et de l'ombre portée au sol des plaques fixées à son sommet. Mais cela ne résout pas toutes les questions que posent la première photographie. Ainsi, comment chrétien pratiquant ou non, agnostique, laïque, bouddhiste, avons-nous pu croire un seul moment à l'effet de lévitation que je perçois en cette première image ?
Nous pourrions, appliquant la classification des ambiguïtés spatiales défendue ici, croire à la présence d'un alignement ambigu venant poursuivre le travail de la contiguïté équivoque des supposées branches de la croix, pour nous offrir la vision d'un
Golgotha à venir où nous jouerions le rôle muet du crâne d'Adam. Il est vrai que l'ombre de cette demi-tête de demi-con semble poursuivre la trajectoire verticale légèrement penchée du poteau métallique, alors que ce dernier pénètre le macadam. Pourtant, même si cet alignement vertical illusoire de deux formes éloignées peut jouer un rôle, un autre phénomène est plus à même d'expliquer la lévitation de la croix. C'est que cette ombre demi-circulaire en raison de sa circularité supposément poursuivie dans le hors-champ de l'image pourrait bien évoquer pour nous l'ombre portée au sol de la base, tout aussi circulaire, d'un poteau lévitant à quelques centimètres au-dessus du sol. Et la différence de diamètre du poteau et de sa supposée ombre n'y change rien, tant il est vrai que nous pouvons imaginer un fût s'élargissant, un entonnoir, une collerette, un gyrophare, un tambour de prière tibétain, tous éléments qui fichés au sommet du poteau seraient à même de produire cette ombre là.
C'est donc ainsi, tant par l'alignement équivoque que par les ombres déportées apparemment portées, que nous lévitons sur la voirie parisienne, mais c'est aussi ainsi que nous ne l'éviterons pas cette croix qui nous attend, placide et impassible, au bout du chemin.

 

 

 

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