Église, Paris, 2007.
"Reverbere de l'église", photo avec alignement équivoque.
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PLANSITE--------SITEMAP----

 

Cette église parisienne semble posséder son propre éclairage. Et si la communauté catholique a bien le droit, en dépit de la loi de séparation de l'église et de l'état, d'acheter le même mobilier urbain que la ville de Paris, nous sentons bien que quelque chose cloche (de Pâques). Noyé dans la pénombre inférieure, nous ne pouvons voir que le pied du réverbère est fiché dans le trottoir de la ville, il n'en passe pas poins devant la grille de l'église.
Mais cette pénombre n'explique pas le rapprochement effectué entre le réverbère civil et le bâtiment religieux. Pour en arriver là, nous devons d'abord en passer par un alignement plastique. Il se trouve, par un hasard heureux recherché et voulu par le photographe, que le fut du réverbère se trouve dans l'axe exact de l'angle du mur. Ainsi, la pointe supérieure semble à la fois se fondre et poursuivre son trajet dans cette arête. Une fois cet alignement équivoque tracé et repérable à la surface du papier, il se pourrait que le principe visuel de similarité de la
Psychologie de la Forme prenne le relais. Ce dernier suppose que le système perceptif regroupe, réunit, pose sur un même plan (et donc ici à une même profondeur) des éléments qui ont un point commun, que ce dernier soit de forme, de taille, de proximité ou, comme ici, de direction. Ainsi, une fois que les psychologues de la perception auront donné leur accord, nous pourrons imaginer, de manière tout à fait infondé, qu'un réverbère de la ville de Paris est fixé à l'angle d'un mur d'une église parisienne.

 

ADDENDUM
Il serait encore possible d'attribuer cette errance visuelle au contact équivoque de contours. La surface du réverbère semble en effet entrer en contact avec l'angle de l'église. Mais l'alignement parfait de la pointe du réverbère avec l'angle supérieur de maçonnerie a sans doute un rôle primordial dans notre perception erronée de la photo. Pour clôre la controverse, il est de toutes manières assez rare de trouver un alignement équivoque sans contiguïté ambiguë.

 

SUITE

 

Photo d'Antenne alignée avec une descente d'eau.

 

En parcourant les rues de Vincennes, vous pourriez découvrir des objets étonnants, des objets dignes du concours Lépine. Ainsi, à survoler cette image d'un oeil distrait, une des deux antennes râteau se déploie du sol jusqu'aux cieux, s'appuyant sur la façade pour aller se perdre dans l'azur du ciel. Mais, à y regarder de plus près, nous avons là une simple descente d'eau pluviale, qui, par une fâcheuse coïncidence, se trouve à la verticale du pied de l'antenne fixé sur le sommet du toit que nous ne pouvons apercevoir. C'est ainsi, que par la magie de l'alignement plastique, deux éléments différents, en dépit de leur échelonnement dans l'espace, en arrivent à produire un objet de consommation inédit et parfaitement inutile : le pied télescopique géant d'antenne râteau. Ici, seule la gouttière qui longe la bordure du toit vient un instant interrompre ce trajet. Pourtant, même sa présence ne parvient pas à remettre en question notre croyance. Car le pied de l'antenne pourrait bien procéder à la façon de la descente d'eau qui vient s'immiscer dans la gouttière. C'est ainsi que les urbanistes devraient s'attaquer à la problématique d'une architecture proliférante, faite d'ajouts, d'additions et d'accumulations d'éléments disparates. Nous allons avec cette image de la gouttière-antenne dans la bonne direction : l'objet architectural multifonctionnel.
Mais, les designers pourraient faire de même. À la manière des vêtements 2 ou 3 en 1, bien d'autres éléments du mobilier urbain devraient être combinés afin que le citadin regagne la part d'espace vital que ces objets ne cessent de lui grignoter. Ainsi, le projet de réverbère-antenne, présenté ci-dessous, est une variante intéressante de la gouttière-antenne. Qui plus est, le réverbère, à la différence de la descente d'eau pluviale, se prête à de nombreux autres greffons. Nous pouvons, sans difficulté aucune, lui adjoindre : une poubelle, un feu de circulation, une panneau de signalisation routière, une fontaine d'eau potable, un brumisateur pour temps de canicule, un panneau d'informations de la ville, une caméra de surveillance, une éolienne, un drapeau tricolore le 14 juillet et bien d'autres choses encore. C'est à ce titre et en suivant cette voie que le réverbère parisien pourrait devenir aussi célèbre et indispensable que le couteau suisse.

 

"Antenne réverbère", photo à alignement équivoque.

 

 

 

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