Miroir, Tours, circa 1983.
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PLANSITE--------SITEMAP----

 

DÉBUT DES PHOTOS AUX CONTACTS ÉQUIVOQUES DE REFLETS.

Avec ce miroir, il ne sera pas question du thème du double, ni même de celui de l'image dans l'image, mais simplement de cette simple réalité plastique qui veut que tout reflet bouleverse l'ordre des plans, leur échelonnement normal, logique et attendu dans l'espace. Ainsi, la plupart des éléments perçus dans un miroir sont situés dans votre hors-champ.
Cette photo met en évidence les contiguïtés équivoques que les miroirs, glaces et reflets opèrent. Posé sur un mur fuyant parfaitement plan, ce miroir nous renvoie l'image d'une encoignure située en arrière du photographe. En regardant devant nous le plan qui nous fait face, nous voyons ce qui se trouve derrière nous : notre "arrière-plan". Mais ce reflet là ne se contente pas d'inverser l'ordre des plans, puisqu'il vient encore, par l'encoignure qu'il inscrit dans la glace mettre un volume et une profondeur illusoires dans ce mur lisse porteur de miroir plan. La représentation bidimensionnelle de la réalité se voit ainsi malmenée de deux manières différentes par une photo des plus simples. Pire encore, à s'attarder maintenant sur la profondeur de champ, nous voyons que le médium photographique participe au conflit spatial. Alors que le mur porteur de miroir est flou, l'image portée par le miroir est nette. Comme si la profondeur de champ photographique nous disait que nous avions là un véritable espace, un cadre à travers lequel nous pourrions passer la main et le bras pour aller toucher, plus loin en avant, cet autre mur dans cette autre pièce. Je n'ai jamais compris comment réfléchissaient les miroirs, comment ils pouvaient en arriver à s'approprier une profondeur de champ qui renie la réalité de leur surface.

Mais, au-delà de cette photographie particulière, le reflet pose encore d'autres problèmes à la représentation. Ce type particulier de contact équivoque ne se retrouve pas dans les figures ambiguës dessinées connues. Cette absence est due au fait que la technique sommaire du dessin linéaire ne peut exprimer un reflet. En revanche, certains peintres classiques n'ont pas rechignés à la tâche. Dans les Menines, Velasquez se permet ainsi de représenter l'image des souverains qu'il est en train de peindre dans le miroir situé tout au fond de la pièce. Ce faisant, il en arrive à créer une situation impossible : le miroir qui dévoile l'en-avant du tableau ne peut en même temps refléter l'image du couple royal posant pour le peintre et celle du regardeur qui, sans le savoir, prend leur place lorsqu'il contemple cette toile.

 

BIBLIOGRAPHIE

FOUCAULT Michel,
Les Mots et les choses, Une Archéologie Des Sciences Humaines. Éditions Gallimard, Bibliothèque Des Sciences Humaines, 1966. ISBN 2070224848.
Bien que déjà ancienne, l'analyse Foucaltienne (!) des Menines, préambule au livre, reste toujours aussi pertinente.

ICONOGRAPHIE

http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_M%C3%A9nines
Les Ménines de Vélasquez.
 

 

 

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