Poubelle renversante, Budapest, printemps 2008.
Budapest-Poubelle-1
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PLANSITE-------SITEMAP----

 

Au carrefour, en partie sur le bitume de la chaussée, en partie sur celui du trottoir, une poubelle perchée sur son piquet et un feu rouge allaient cahin-caha. Nul bipède des villes ne devrait être surpris par cette association de mobilier urbain placé aux croisements de rues, boulevards et avenues de nos grandes cités modernes. Pourtant si vous aviez eu le malheur de vouloir jeter un bout de papier à l'intérieur de ce cylindre, celui-ci aurait aussitôt atterri sur le trottoir. Non pas tant que cette corbeille, en dépit de son grand âge, fût trouée par la rouille, mais en ce que vous n'avez pas ici une poubelle. En cela, nous pouvons affirmer à la manière d'un peintre belge qui n'aimait pas raconter d'histoires : "Ceci n'est pas une poubelle". Vos yeux sont abusés par le réalisme de cette vue urbaine, cette veduta des temps modernes, car, plutôt que l'objet, vous avez devant vous son ombre portée au sol.
Mais, à la différence du pylône précédent, tout aussi urbain, métallique, et suranné, dont l'ombre avait pu vous leurrer, cette nouvelle image évoque par certains cotés les figures retournables. La photo suivante montre bien que nous avons là un renversement à 180° de l'objet réel. Pourtant en dépit de la symétrie horizontale, le retournement est ici invraisemblable, qui nous conduit à imaginer une poubelle à deux ouvertures opposées, transformant le réceptacle connu et fermé en tuyau ouvert et inutile. Nous en revenons donc au conflit habituel des orientations qui oppose, en cette superposition équivoque, la verticalité montant au ciel d'un volume à la platitude fuyant au sol de son ombre.

 

Budapest-Poubelle-2

 

Explication qui, bien qu'attachée aux superpositions équivoques des ombres portées, ne suffit pas à rendre totalement compte de cette poubelle. Car si, nous pouvons, à bon droit, ranger l'image du haut de page avec les figures retournables, il n'en reste pas moins que la seconde photographie utilise un alignement équivoque, qui pose sur une même trajectoire plastique la verticalité de la poubelle réelle et l'horizontalité de son ombre portée au sol. Cet alignement là, comme tous ses congénères, aplatit la représentation en ce qu'il nous donne le sentiment d'avoir sous les yeux un objet unique et continu dressé vers le ciel.

 

 

 

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