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La cause probable de la perception d'un volume en lieu et place d'une forme plane brisée est sans doute à chercher dans l'angle superieur médian de la balustrade métallique. Son angularité doit correspondre à une projection possible et surtout crédible de l'angle d'un volume véritable. Et, pour une raison que j'ignore, la prégnance de cet angle est telle qu'elle surpasse et annule les autres informations données par l'image. Je n'en veux pour preuve que le croquis raté que j'ai été amené à faire pour mettre en évidence la figure réversible qui est à l'oeuvre en cet escalier. N'ayant pas alors réfléchi à l'importance de l'angularité, j'avais tracé la première forme venant sous ma règle. Le résultat est là (voir ci-dessous). Bien que nous ayons là une figure véritablement réversible, puisque nous pouvons imaginer trois orientations possibles pour cette forme (la convexe, la concave et la plane), la volumétrie du dessin est beaucoup moins prégnante que celle de la photographie. La raison possible de cet écart est que l'angle obtus du dessin étant beaucoup plus ouvert que celui de la photo, le premier nous renvoie plus difficilement à l'image d'un coin de volume que le second.
Mais, en contrepartie et en ce cas précis, le dessin présente une réversibilité plus équilibrée que l'image du réel. Et c'est là que réside tout le paradoxe de cette photographie. Obligées d'évoquer en notre esprit le concave et la convexe, les figures réversibles dessinées peuvent, à ce titre, nous faire oublier la planéité de leur forme. Mais ici c'est la photo qui en arrive à travestir la réelle platitude d'un de ses éléments. Ainsi, bien qu'elle affiche la fonction d'un escalier, fonction qui, après un moment d'égarement visuel, devrait nous ramener à la raison, cette photographie achoppe à rendre compte du réel.
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