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"Alignements de lignes et alignements de masses" |
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Décembre 2012 INTRODUCTION AUX ALIGNEMENTS
Bien que l'épaisseur, la couleur et la matière de la colonne du Palais de Tokyo et de la traînée d'avion soient totalement différentes, et bien que la distance séparant ces deux éléments soit immense, certaines personnes ne pourront s'empêcher d'imaginer un panache de fumée sortant d'une cheminée à section carrée. L'identité de direction et la continuité apparente de ces deux éléments étrangers l'un à l'autre les réunit à la surface de l'image. UNE PHOTOGRAPHIE À L'AMBIGUÏTÉ AMBIGUË Ces deux masses, le panier de la paysanne et le feuillage de l'arbre, bien qu'éloignées l'une de l'autre, peuvent pourtant paraître à une même distance. Nous avons donc là un conflit spatial qui oppose une profondeur réaliste exprimée par les diminutions de taille, les fuyantes de la route et du bas-coté, le point de fuite, la ligne d'horizon,... à la platitude de ces deux masses qui, bien que distantes, semblent situées à l'intérieur d'un même plan. Le problème est qu'en dépit des lois de la perspective et du réalisme de l'image, cette aplatissement en arrive, pour moi, à l'emporter sur la profondeur.
1) L'HYPOTHÈSE DE LA COLINÉARITÉ
Mais qu'en est-il dans la photo ? Les masses du panier et du feuillage sont bien alignées le long de deux parallèles montant légèrement vers la droite. La lévitation est ici absente, puisque le panier est posé en hauteur sur la tête de la femme. Pourtant, à y regarder de plus près, nous savons bien qu'un panier porté sur la tête d'une femme ne peut être situé à la même hauteur au-dessus du sol que le feuillage couronnant le tronc élancé d'un pin adulte. Peu importe après tout, car l'alignement équivoque n'entraîne que rarement l'effet de lévitation du Trio. Ce qui compte en cette photo est l'aplatissement de l'espace. Aplatissement que vous serez plus à même de ressentir en masquant de la main les 2/3 inférieurs de l'image. Serait-ce à dire que la hauteur dans l'image est primordiale et que l'alignement plastique des deux éléments en cause serait plus à comprendre comme un placement à une même hauteur dans le champ de l'image (et donc en théorie et en pratique à une même profondeur dans l'espace de l'image) qu'à un principe visuel de continuité. 2) L'HYPOTHÈSE DE LA SIMILARITÉ
Les deux formes équivoques, le panier et le feuillage de l'arbre, entretiennent ainsi plusieurs similarités. La première est celle de forme. Nous avons là deux formes ovoïdes de taille comparable. Nous avons ensuite une identité de positionnement dans l'image. Situées à une même hauteur, ces deux surfaces sont en vis à vis. Mais, pire encore, nous pouvons leur attribuer une identité de positionnement dans la latéralité de l'image. Un axe de symétrie vertical les sépare et les réunit, axe qui va bien au-delà de ces deux éléments, puisque tant le point de fuite quasi central que la limite entre l'asphalte et la bas-coté définissent son tracé à la surface de l'image. Enfin, si nous n'avons pas des ombres et une netteté identiques, il se trouve que ces deux masses foncées sont les seules à surgir de manière aussi évidentes sur le fond clair. Ailleurs, tout est passage, interpénétration, contiguïté et même recouvrement.
PREMIÈRE CONCLUSION PROVISOIRE ET DÉCALÉE A accepter la mise sur un même plan des deux masses et à considérer l'ombre portée de la femme au sol, ombre qui semble relier le personnage au tronc de l'arbre, nous avons la une Quadripoutre ouverte (plus ou moins illustré ci-dessous par le croquis d'une Tripoutre ouverte à alignement équivoque). En cela, nous retrouvons une nouvelle fois dans le réel, et malgré le réel et tous ses indices de réalité, des figures semi-impossibles que beaucoup pourraient croire être confinées au champ du croquis et de l'image dessinée.
SECONDE CONCLUSION PROVISOIRE MOINS DÉCALÉE Malgré ce qui a été dit en introduction, l'article Qu'est-ce qu'un alignement équivoque ? présentait déjà un alignement non linéaire. Le premier exemple, la Pipe, détail d'une gravure de William Hogarth, aligne ainsi les masses des deux personnages sur une quasi horizontale. Mais, nous parlions alors pour ce détail d'un alignement conceptuel. Malgré la distance qui sépare les personnages, nous sommes amenés à imaginer que le promeneur vient d'allumer sa pipe à la flamme de la bougie. "Il n'y a pas de fumée sans feu".
Pourtant, rétrospectivement, cet alignement dit conceptuel peut très bien être étayé par un alignement de similarité. Bien que la masse du promeneur soit verticale et foncée tandis que celle de la femme affiche une surface claire et horizontale, toutes deux se trouvent côte à côte à une même hauteur dans l'image et présentent une superficie comparable. Sur ce dernier point, il est à noter que Hogarth a dû tricher. Comme en d'autres détails de la gravure, l'artiste n'a pas respecté le principe de diminution de taille lié à la distance dans l'espace qui veut que plus un objet est éloigné, plus il paraisse petit. À respecter cette règle, son promeneur divaguant sur la colline la plus éloignée serait devenu un minuscule homoncule incapable de participer au conflit, tant spatial qu'humoristique, de cette partie de l'image. En cela, nous pouvons dire qu'il y a aussi de l'alignement par similarité en cette gravure de William Hogarth. Pour une description plus approfondie de ce détail voir : La pipe de William Hogarth
WEBOGRAPHIE http://cs.wikipedia.org/wiki/Charles_Fenno_Jacobs
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