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"Le kô-an ou la question sans réponse" |
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Janvier 2007 AVERTISSEMENTS
DÉFINiTION DU KÔ-AN Un kô-an, d'après une autorité, signifie "un document public établissant une mesure de jugement", par laquelle on peut éprouver à quel degré est correcte la compréhension du Zen par un individu. Un kô-an est généralement quelque affirmation d'un ancien maître, ou quelque réponse donnée par lui à un questionneur. LES DIX POINTS T'oueï-in met ses étudiants en garde sur les dix points suivants : KÔ-ANS Un moine demanda à Toung-chan : " Qui est le Bouddha " Le maître répondit : "Trois kin de lin. "
On demanda un jour à lun-mên : " Quand aucune pensée ne remue dans l'esprit, y a-t-il là de l'erreur? - Autant que le mont Sumeru. "
Tchao-tcheou répondit "Ou !" (mou en japonais) à cette question d'un moine : "Y a-t-il de la nature de Bouddha dans un chien? " Ou signifie littéralement " non " ou " aucunement ", mais lorsque ce mot est proposé comme kô-an, il ne se réfère pas à son sens littéraI, c'est "Ou" pur et simple.
Lorsque le moine Ming rattrapa Houeï-nêng en fuite, iI lui demanda de lui donner le secret du Zen. Houeï-nêng répondit : " Quel est votre visage originel, que vous aviez avant même votre naissance? "
Un moine demanda à Tchao-tcheou : " Quel est le sens de la venue du premier Patriarche en Chine ? - Le cyprès dans la cour d'entrée. "
Quand Tchao-tcheou vint étudier le Zen auprès de Nan-ts'uan il demanda : " Qu'est-ce que le Tao (ou la Voie)? " Nan-ts'uan répondit : " Votre esprit de tous les jours, c'est cela le Tao. "
Un moine demanda : " Toutes choses, dit-on, sont réductibles à l'Un, mais à quoi l'Un est-il réductible? " Tchao-tcheou répondit : " Quand j'étais dans le district de Tching, je me suis fait faire une robe qui pesait sept kin. "
Soueï-lao, tout en arrangeant les glycines, demanda a son maître Ma-tseu : " Que signifie la venue du Patriarche de le l'Ouest jusqu'ici ? Ma-tseu répondit : " Venez un peu plus près, et je vous le dirai. " Dès que Soueï-lao se fut approché, le maître lui donna un coup de pied qui l'envoya à terre. Mais cette chute ouvrit soudain son esprit à un état de satori, car il se releva en riant de bon cœur, comme si un événement tout à fait inattendu et très désiré se fût produit. Le maître demanda : " Quel est le sens de tout ceci? " Lao s'écria : " Innombrables, certes, sont les vérités enseignées par les Bouddhas, et, toutes, telles qu'elles sont à leurs sources mêmes, je les perçois maintenant dans I'extrémité d'un cheveu."
Têh-chan fut également l'un des maîtres qui brandissaient un bâton dans la même intention ; car il avait l'habitude de dire : " Peu importe ce que vous dites, ou ce que vous ne dites pas, vous aurez trente coups de bâton! " Un jour que deux groupes de moines se disputaient la propriété d'un petit chat, le maître Nan-k'iuan P'ou-iuan sortit de sa cellule, saisit l'animal et leur dit : " Si vous pouvez dire un mot, il sera sauf, sinon il sera tué." Un mot, cela signifiait, bien entendu, un mot qui dépassât à la fois l'affirmation et la négation, comme lorsqu'on demanda à Tchao-tcheou "un mot de la vérité ultime". Nul ne répondit, et le maître mit à mort la pauvre créature.
Un moine vint un jour de chez 0ueï-chan auprès de Siang-ièn, qui lui demanda : " Il y avait une fois un moine qui interrogea Oueï-chan sur le dessein qu'avait le Patriarche en venant en Chine, et Oueï-chan en réponse, brandit son hossou. Comment donc entendez-vous le sens de ce geste ? " Le moine répondit. " L'idée du maître est d'éclairer l'esprit en éclairant la matière, de révéler la réalité par le moyen d'une réalité objective." "Votre compréhension, dit le maître, est correcte dans ses limites. Mais à quoi bon se hâter ainsi de théoriser? " Le moine, changeant ses positions, demanda : "Et vous, comment comprenez-vous? " Siang-ièn brandit son hossou comme avait fait l'autre maître.
Une autre fois qu'on l'interrogeait sur le sens de la venue en Chine de Bodhi-dharma, Siang-ièn mit sa main dans sa poche, l'en retira en tenant le poing fermé, et l'ouvrit comme pour en donner le contenu au questionneur. Celui-ci s'agenouilla et étendit les deux mains dans le geste de recevoir. " Qu'est-ce que c'est? " dit le maître. Le moine ne répondit rien.
C'est encore le même Siang-ièn qui proposa le kô-an bien connu de l'homme accroché à l'arbre. Le kô-an s'énonce ainsi : " Un homme est au-dessus d'un précipice profond de mille pieds, suspendu par les dents à une branche d'arbre; ses pieds sont dans le vide et ses mains ne peuvent s'accrocher à rien. Supposez que quelqu'un vienne à lui et lui pose la question : " Quel est le sens de la venue d'Occident du premier patriarche ? " Si cet homme ouvre la bouche pour répondre, il tombera sûrement et perdra la vie; mais s'il ne répond pas, on dira qu'il n'a pas fait attention au questionneur. A ce moment critique, que doit-il faire? "
Iloueï-t'ang Tsou-hsin étudia le Zen, sous la direction de Houeï-nan de Houang-po, pendant plusieurs années mais sans succès. Un jour, parcourant l'histoire du Zen, il lut ceci: "Un moine vint trouver To-fou et demanda : "Comment est le bosquet de bambous de To-fou?
Lorsque T'eou-tseu Ta-t'oung rencontra le maître T'soueï-oueï dans la Salle du Dharma, il interrogea le maître sur le sens de la venue de l'Inde du Patriarche. Tsoueï-oueï resta un moment à regarder derrière lui. Comme Ta-t'oung désirait un enseignement explicite, le maître dit : " Voulez-vous recevoir encore une pelletée de boue sur la tête ? " Cela voulait dire que le questionneur avait été déjà auparavant plongé dans la boue et qu'il n'en savait rien.
BIBLIOGRAPHIE DESHIMARU Taïsen, Le bol et le bâton, Éditions Albin Michel, Paris, 1986.
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