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ANALYSE Avec ces bandes dessinées composées de deux vignettes, j'essayais d'atteindre les limites de la signification : ce qu'alors j'appelais pompeusement "l'extinction du sens". Mais bien que pompeuse, cette recherche n'en était pas moins originale dans le champ de la bande-dessinée. La mode sémiologique en cours à l'époque (années 70-80) était plutôt à la désoccultation des moyens de production : il fallait dévoiler les mécanismes de la narration. Ainsi, un travelling arrière exagéré permettait-il à Jodorowsky de montrer toute l'équipe du film dans la séquence finale de La montagne sacrée (mais où était-donc le caméra qui filmait le cameraman et le reste de la troupe?). De même, Duane Michals utilisait le même plan mobile dans une série photographique, Les choses sont bizarres, où le hors-champ révélé par les travellings successifs décevait à chaque fois notre attente. Ou encore, Gotlib se permettait de faire commenter les vignettes de sa Rubrique à brac par de petits personnages qui, des cases, s'adressaient directement au lecteur. En cette image, nous pouvons hésiter entre deux récits : la voiture roule-t-elle sur une route bordée d'arbres ou bien est-ce un jouet posé sur un branche qui se ramifie peu à peu ? Quelques années auparavant, coincé dans le registre de la bande-dessinée, j'aurais suggéré ces deux interprétations par l'entremise de deux dessins distincts dans deux cases successives. Puis, peu à peu, la figuration a cédé le pas aux représentations de volumes dispersés dans un espace indéfini, déplaçant l'alternative du registre narratif vers le registre formel. Mais, en raison de ce parcours, les figures ambiguës sont pour moi les récits contradictoires de nos vies uniques.
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