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Ce récit en trois planches est inspiré d'une série photographique de . Dans Les choses sont bizarres, le photographe utilisait déjà des travellings arrière successifs pour révéler des hors-champs qui décevaient à chaque fois notre attente.
Il en est presque de même ici. Car, avec la première page, nous n'avons ni travelling arrière continu (la troisième vignette utilise un travelling avant), ni attente déçue : un camion s'arrête simplement à une station service. En revanche, la première vignette de la deuxième planche reprend une mise en abyme du photographe : nous passons d'une soit-disante réalité (le camion à la station-service) à une photographie du réel (la photo d'un camion à une station-service). Mais, si cette seconde page modifie l'attente narrative qu'avait fait naître la première, son travelling arrière continu ne donne pas lieu à d'autres surprises. C'est encore le passage d'une page à l'autre qui met en scène une rupture narrative. Le personnage féminin allongé sur le lit devient par la magie du travelling arrière l'enseigne d'un drugstore. À la manière de la première planche, cette troisième page ne donne pas lieu à d'autres attentes déçues et emploie, elle-aussi, un autre travelling, un travelling latéral. Pourtant, un autre élément a été repris à la série photographique. Ici aussi, le récit forme une boucle, puisque nous revenons au camion de la première vignette.
Ces quelques écarts avec la série de masquent une autre différence : cette séquence dessinée ne pourrait être photographiée. Le personnage féminin allongé sur un lit ne pourrait, avec la photographie, se transformer en enseigne de drugstore. Ainsi, bien que les outils plastiques soient similaires, nous passons d'une réalité fantastique produite par l'appareil photographique, à un imaginaire projeté sur le papier.
WEBOGRAPHIE
Les choses sont bizarres, série photographique, 1973.
https://www.connaissancedesarts.com/arts-expositions/things-are-queer-de-duane-michals-1110830/
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