CARNET

"2004-2008"

 


PLANSITE-------SITEMAP----

 

Combien sont morts et combien sont restés ?
Combien sont morts qui nous manquent à jamais,
et combien sont restés qui nous désespèrent de vivre !

 

 

Vaut-il mieux vivre plus vieux
ou rester jeune plus longtemps ?

 

 

FAIBLE ET FORT

Faible effort,
j’ai fait un trop faible effort
pour devenir fort.

 

 

L’homme boit deux bières.
La première est de houblon,
et la dernière de sapin.

 

 

CARTES DE VOEUX

“Joyeuse dépression !”
“Haine sincère”
"Heureuse séparation”
“Bon cancer”
“Belle mort”

 

 

Pour certains, l’art est un simple passe-temps,
pour d’autres, c’est un trompe la mort.

 

 

Bien que le juste milieu soit dépourvu de cotés,
la demi-mesure est le mauvais coté du juste milieu.

 

 

Quand on n’inspire plus rien à personne, et pas même à soi-même,
il est temps d’expirer.

 

 

Chercher l’inspiration,
encore et toujours,
pour ne plus avoir à expirer.

 

 

Inspirer au moins la haine pour ne pas expirer seul.

 

 

Ils se battent.
Ils se battent avec eux,
ils se battent avec eux contre les autres.
Ils se battent avec violence contre les habitants,
puis ils se battent avec les habitants contre la violence.
Ils se battent entre eux,
puis ils se battent les uns contre les autres.
Ils se battent et sont battus ou abattus.
Ils se battent.

 

 

Les battements de mon coeur épousent l’abattement de mon corps.

 

 

Elle allaitait haletante,
elle haletait allaitante.

 

 

Pour l’apprendre, je la prendrai avec les mains.
Pour la prendre, je l’apprendrai avec le coeur.

 

 

Tu regrettes l’aimée que tu n’as pas touchée.
Tu regrettes les mets que tu n’as pas goûtés.

 

 

Devenir l’être qui ne veut rien avoir.

 

 

L’oeil ne peut avoir les choses.
L’oeil peut voir les choses qu’il ne peut avoir.
L’oeil qui voit tout ne peut rien avoir.

 

 

Quelqu’un qui a des couilles en or peut se payer des choses qui valent la peau du cul.

 

 

TOTO LE TAO

Toto était taoïste.
Tout Toto était taoïste.
Tout le Tao était dans Toto.

 

 

À la piscine on ne voit pas quand je pleure.

 

 

LES DEUX BIBLIOTHéCAIRES

Le premier range les livres par auteur,
tandis que le second les range par hauteur.

 

 

LA MORT

Seul le rire nous empêche d’en pleurer,
seules les larmes nous évitent d’en rire.

 

 

En vieillissant, tu apprends de moins en moins de choses,
mais des choses de plus en plus importantes :
tu apprends que tu vas mourir.

 

 

PEINTRE DE RUINES

Vous fabriquez des ruines à venir,
et roulez dans des voitures en ruines.
Vos vies sont déjà ruinées,
alors que vos morts sont encore à construire.

 

 

Le peintre de ruines s’est ruiné en vieilles ruines

 

 

Satins, froissez ! Froissez !
Satins, glacez ! Glacez !
Satins, froissez ma peau et glacez mes os.

 

 

Enterrez-moi avec une couverture de survie.

 

 

CE N’EST PAS LE SEXE

Ils y pensent tout le temps mais n’en parlent jamais.
Ce n’est pas le sexe mais la mort qui les ronge.

 

 

DE LA MAJUSCULE

Miro, miro.
Miro Miro.
Je regarde, je regarde.
Je regarde Miro.

 

 

ATTACHé À SACHé

J’ai rapporté un bonbon de Saché,
où je n’ai pas trouvé le moindre sachet de bonbons.

 

 

L’INDéCIS DES HABILITéS

L’un des six était indécis.
L’indécis était l’un des six.

 

 

Louez le seigneur,
louez le seigneur pour 30 euros par mois T.T.C..

 

 

Martin Dupont
Paris 1965 - Montereau 2040
85 kilomètres.

 

 

Inégale égalité, illégale légalité.
Inégale légalité, illégale égalité.

 


Quand tu bronzes en dormant,
tu dors en bronzant.

 

 

La petite vieille ne vient plus à la piscine.
Elle était tellement maigre qu’elle doit flotter dans son cercueil.

 

 

Il faut arrêter de boire, sinon tu n’arrêtes pas.
Il faut arrêter de courir, sinon tu n’arrêtes pas.
Il faut arrêter de vivre, sinon tu n’arrêtes jamais.

 

 

Ne donne pas de forces à ta faiblesse,
mais apprends la faiblesse à ta force.

 

 

Un morceau de morceau de sucre.

 

 

NOS éTREINTES SONT DES éREINTEMENTS

Tes reins méritent d’être éreintés,
de coups de rein qui m’éreinteront.

 

 

Les paysages peuvent tout exprimer.
Les arbres peuvent tout exprimer.
Les villes peuvent tout exprimer.
Les mains peuvent tout exprimer.
Tout peut tout exprimer.

 

 

Je suis l’informateur d’un formateur.
Il est le formateur d’informateurs.

 

 

Il y a des chiures de mouches au plafond.
Les mouches chient la tête en bas.

 

 

LE COUPABLE

Je suis capable d’être incapable
et incapable d’être capable.

 

 

Le fétichiste du latex se couvre d’une seconde peau,
tandis que l’écorché vif voudrait déchirer la sienne.

 

 

Tu penses aux courses à faire en faisant l’amour à ta femme.
Tu rêves de films pornos dans les galeries de la grande surface,
et tu manges un sandwich au pâté en achetant du poisson.

 

 

Je ne la prendrai pas en photo devant la tour Eiffel.
Je ne te prendrai pas comme tu veux que je te prenne.
Je ne te prendrai pas comme tu es.
Je te prendrai comme je te prends.

 

 

LE MAUVAIS AIMANT

Je suis un mauvais aimant :
j’attire les femmes qui m’indiffèrent
et repousse celles qui m’attirent.

 

 

FIGURE AMBIGUë

L’homme à la triste figure s’essaie à faire bonne figure.

 

 

La miette d’un nain te donne faim.
La miette d’un géant te nourrit un an.

 

 

LES FAITS PLACEBO

L’effet plat c’est beau.
L’effet rond c’est laid.

 

 

Nous cherchons le plus court chemin pour aller d’un endroit à un autre,
mais toujours le plus long pour passer de vie à trépas.

 

 

Tu auras les rides de la tristesse
pour contempler les rides du bonheur.

 

 

Parfois, tu crois dominer le temps : les derniers jours qu’il te reste à vivre.
Parfois, c’est le temps qui te domine : les derniers jours qui te restent à vivre.

 

 

éVOLUTION

J’étais un imbécile malheureux,
j’ai décidé de devenir un imbécile heureux.

 

 

Si les gens qui avaient raison avaient raison des autres,
la raison finirait par dominer le monde.

 

 

à JOAN JONAS

La route de celui qui tourne en rond
croise parfois
celle de celui qui fait des va et vient.

 

 

TOUCEQUELONCé

A vingt ans, on s’angoisse pour ce que l’on ne connaît pas.
A cinquante, on s’angoisse pour tout ce que l’on sait.

 

 

NOUS ALLONS CHANGER

Nous allons changer dix fois de métier.
Nous allons changer cinq fois de femme.
Nous changerons nos habitudes, nous changerons de vie.
Tout va changer quand nous allons changer.

 

 

AVEC LA MêME CHOSE

Avec la même chose, tu peux vivre ou mourir.
Avec la même chose.

 

 

TOUT EST FACILE

La vie, c’est la vie.
L’amour, c’est l’amour.
La faim, c’est la faim.
La guerre, c’est la guerre.

 

 

Tout peut mesurer le temps
que nous avons vécu.
Rien ne peut mesurer le temps,
qui nous reste à vivre.

 

 

AMOUR GLOIRE ET BEAUTé

Tout arrive toujours trop tard.
Seule la mort arrive en son temps.
Et même si la mort arrivait trop tard,
tout arriverait encore trop tard.

 

 

LA VIE N’A PAS D’AVIS

La vie ne nous demande pas notre avis.
Vivre est une obsession qui nous oblige à vivre.
Mourir est le seul moyen de guérir cette manie.

 

 

L’OR DE LA MORT

Je suis le nouveau Midas :
tout ce que je touche se transforme en mort.

 

 

SOCIéTé DE CONSOMMATION

Sommez les cons de consommer.

 

 

La société de consommation m’a sommé d’être con.
La société de consommation m’assommait d’êtres cons.

 

 

Je me suis lavé les cheveux avec de la mousse à raser.
J’ai pris un bain moussant dans de la pâtée pour chien.
J’ai mis de l’huile de colza dans ma voiture diesel.
La société de consommation rend con sans sommation

 

 

Ils font le plein, je cherche le vide.

 

 

L’INACTIVITé éCONOMIQUE

Les maladies sexuelles créent de la croissance.
Les accidents de la route créent de la croissance.
Les pompes funèbres créent de la croissance.
La mort crée de la croissance pour les vivants.

 

 

Montrez vos strings et vos nombrils.
Montrez vos tatouages et vos piercings.
Vous pouvez tout montrer, puisqu’un jour la mort montrera vos squelettes.

 

 

LE MAUVAIS BON

Le mauve est sang, le mauve est larron, le mauve est bon.

 

 

Est-ce que le gel gèle quand il gèle ?

 

 

Un malentendant est source de malentendus.

 

 

Un mal baisant n’est pas toujours un mal comprenant.
Mais un mâle baisant est toujours un mal comprenant.

 

 

Mûrir c’est pourrir un peu.

 

 

Quand on désespère de l’espérance,
on peut encore espérer de la désespérance.

 

 

Pour accéder à la succession,
il faut succéder aux ascendants.
Et pour accéder au succès,
il faut savoir succéder à l’échec.

 

 

PROCESSION

Tu me précèdes et je te succède,
mais ta précédence n’est que précession.

 

 

Dès qu’on naît sur terre, on est sur terre.
Dès qu’on est sur terre, on hait sur terre.

 

 

à LA CROISéE DES REGARDS

Les vieilles dames m’observent et les jeunes filles me dévisagent.
Qui suis-je donc pour être à la croisée des regards ?

 

 

Coulez fontaines, car mes yeux ne peuvent pas pleurer.
Pleurez fontaines, car mes yeux ne veulent pas couler.

 

 

Des charniers affamés de corps décharnés.

 

 

Emparé par la mort,
désemparé par la vie.

 

 

Je suis mortel, je donne la mort.
Je suis mortel, je la reçois.

 

 

HôPITAL MASTABA

Petite momie, déjà morte avant de mourir.
Petite momie, ton corps cerné de bandelettes et de tuyaux.
Petite momie, quand te laisseront-ils donc mourir ?

 

 

Si c’était à refaire,
je ne demanderai à personne :
“Et si c’était à refaire ?”

 

 

Les conjoints ont été disjoints.

 

 

Profite du temps qui te reste à vivre,
puisque tu ne profites pas du temps qui te reste à mourir.

 

 

La vie est un très très long mensonge,
où la vérité éclate à la dernière heure.

 

 

À quoi cela sert-il d’avoir confiance en soi,
si cela ne sert qu’à avoir confiance en soi ?

 

 

Les idées sont des courants d’air,
les dessins sont des pieds à terre.

 

 

Elle m’a dit :
“Je veux voir ce que je ne veux pas voir.”

 

 

LES CHIENS DE L’ART

Un chien fait le beau,
il n’en fait pas pour autant de l’art.

 

 

LES SILENCES DE LA LICENCE

Le licencié n’était pas licencieux :
la licence ne mène pas à la débauche
Le licencié n’était pas un débauché :
la débauche ne mène pas à la licence.

 

 

Pour s’entendre, il ne faut pas se voir.
On ne peut pas ne pas s’entendre lorsqu’on ne se voit pas.
Pour s’entendre, il faut se voir.
On ne peut pas s’entendre lorsqu’on ne peut pas se voir.

 

 

À force de pas perdus,
on s’est perdu de vue
dans la salle des pas perdus.

 

 

PROVERBE BRETON

L’insoluble question du poisson soluble.

 

 

L’IVROGNE RIT DU VIGNERON

En buvant ma coupe,
je bats ma coulpe.

 

 

Il faut s’aider à céder pour accéder aux excès.

 

 

Arôme des arums à Rome.
À Rome des arômes d’arums.

 

 

Certains ont un coup de veine,
pendant que d’autres font un coup de sang.

 

 

Il faut n’avoir besoin de personne
avant que de pouvoir se passer de soi-même.

 

 

La vie n’est pas faite pour obtenir ce que l’on n’a pas,
mais sert seulement à ne pas jouir de ce que l’on a déjà.

 

 

Depuis que tu as acheté les lunettes à rayon X,
tu ne vois plus que des squelettes qui s’agitent, qui s’agitent.

 

 

LE PROPHèTE

Nous sommes tous morts et seuls les vivants ne le savent pas.

 

 

L’indécis croyait s’approcher de sa proie en faisant des cercles concentriques.
Les cercles concentriques étant par définition parallèles : il tournait en rond.

 

 

LA MORT

Une pour tous,
tous pour une

 

 

C’est bien la première fois et la dernière fois de ma vie que je meurs.

 

 

TOUT DOIT DISPARAîTRE

Tout doit disparaître au rayon lingerie.
Tout doit disparaître au rayon boucherie.
Et tout disparaîtra au rayon humain.

 

 

POUR LA TOUSSAINT

Pour la fête des morts : faites des morts.

 

 

Tu as vu ce que tu n’aurais pas dû voir.
Tu as eu ce que tu n’aurais pas dû avoir.
Tu n’auras donc pas ce que les autres auront.
Tu ne verras donc jamais ce que les autres verront.

 

 

Comme les bien-pensants et bienséants,
assis sur leur séant si près du néant.

 

 

Ils tâtent de dieu, alors que dieu est athée.

 

 

Quand je suis hors de moi, je voudrais être hors du monde.
Mais pour être hors du monde, il faut rentrer en soi.

 

 

Mourir en paix en temps de guerre.

 

 

Un marchand de biens fait souvent le mal.

 

 

MANQUE DE REPèRES

Qui a manqué de père, manquera de pairs.

 

 

UN FRèRE C’EST DEUX PERSONNES

Un frère c’est deux personnes.
Une soeur c’est au moins deux mondes.
Un fils c’est déjà trois êtres.

 

 

La mère est un monde perdu,
pas père dû pour tout le monde.

 

 

J’ai vu un noir passer au rouge.
J’ai vu un jaune s’arrêter à l’orange,
et un blanc freiner au vert.

 

 

Il faisait 29° dans la salle 29,
30° dans la salle 30,
31° dans la salle 31.
J’étais en salle 22.

 

 

Mister Ken Yenamarre est amoureux de Miss Barbie Turic.

 

 

“La brosse à dents à marcher”
(Vu à l’aéroport de Francfort,
Traduction française d’un distributeur de chewing-gum)

 

 

En cadeau, vous aurez un cadeau,
et, en prime, vous aurez une prime.
Par défaut, nous avons des défauts,
et, sans qualité, nous n’avons plus de qualités.
De temps en temps, vous aurez du temps,
mais, pris de court, vous serez toujours à court.
Ça ne serait pas ça, ça serait autre chose.
Ce serait autre chose, ça ne serait plus ça.

 

 

MAUVAIS ACCORD

Je crois un inconnu, je croise une inconnue.

 

 

L’AMOUR SALE

Je n’ai plus d’amour-propre,
alors donnez-moi un peu d’amour sale.

 

 

LE MAîTRE AUX ANAMORPHOSES

Il peignait des portraits très dilatés
aux pores très dilatés.

 

 

L’homme de fer manquait de cuivre.

 

 

Quand les forts ne font pas d’efforts,
les forts ne font pas des forts.

 

 

De sa baignoire, le vendeur de beignets contemplait
les mangeurs de beignets déambulant le long de la baie noire de monde.

 

 

Le vendeur de baignoires détestait les beignets.
Le cueilleur de baies noires adorait les beignets.
Pourtant, tous deux se baignaient dans la baie noire de monde.

 

 

MACéRATION éTHYLIQUE ET VITICOLE

Une baignoire remplie de baies noires.

 

 

LE COUP DU ROUé

Il se croit roué,
le roué de coups.

 

 

CELA, LE çA

ça pourrait être mieux,
mais ça pourrait être pire.
ça pourrait être.
ça pourrait.
ça.

 

 

Une flamme dansant,
sur une bougie d’encens.

 

 

DU BON USAGE DE L’ABUS

Oser user des abus désabuse des usages.

 

 

Les désabusés de la vie sont abusés par la mort.

 

 

Après avoir été désabusés des us,
nous en arrivons à mésuser des abus.

 

 

DU BON USAGE

J’ai usé de la vie, je suis usé par la vie.
J’ai abusé de la boisson, j’ai été abusé par l’alcool.
J’ai abusé des plaisirs, je suis abusé de fatigue.
Il faut user des abus pour être désabusé de l’abus.

 

 

DéSILLUSION DES ILLUSIONS

On a beau être désabusé par les abus de la vie,
on reste toujours abusé par les habits de la vue.

 

 

Je sais tout sur tout : je suis le grand gourou.
Je sais tout de vous : je suis le grand gourou.
Vous ne saurez rien de moi : je suis le grand gourou.

 

 

L’ESPOIR EST UN ACCESSOIRE DéRISOIRE

L’entonnoir est dérisoire.
L’arrosoir est dérisoire.
L’accessoire est dérisoire.
Tout espoir est dérisoire.

 

 

Tu vis en pointillés comme un point de surjet.
Tu vois l’ourlet qui commence à craquer,
et tu te demandes si la parque va laisser le fil s’effilocher
ou si elle fera un arrêt pour terminer son travail.

 

 

En la regardant, l’homme morcelle la femme.
En se parant, la femme morcelle son corps.
Puis, pour en finir, le corps mort scelle la vie.

 

 

MORCELLé,
MORT CELéE,
MORT SCELLéE.

 

 

L’AINé

L’aisé qui se croit lésé.

 

 

Il est l’aîné,
il est l’aisé,
il est lésé !

 

 

Il se sent lésé, le frère aîné,
il se sent lésé, le frère est né.

 

 

CABINET D’AISANCES

Tant il est malaisé de dire son malaise,
quand il est aisé de vivre dans l’aisance.

 

 

LE MALAISE

Depuis qu’il prend ses aises,
qu’il n’en fait qu’à son aise,
il met mal à l’aise, le malaisé.

 

 

LES AISéS DU MONDE

Les aisés sont mal aimés,
leur aisance met mal à l’aise
ceux qui sont dans le malaise.

 

 

IL FAUT LéSER L’AISé CAR L’AISANCE MET à L’AISE.

 

 

TEL éPRIS QUI CROYAIT PRENDRE

Elle est éprise mais elle n’est pas prise,
il se croyait pris alors qu’il n’est qu’épris.

 

 

Savoir se déprendre de ce qui nous éprend.

 

 

L’ENTRE-DEUX

Comme ton père, tu as vu l’antre de ta mère.
Comme un mari, tu as connu l’antre de ta femme.
Tu viens de l’antre d’elles mais tu restes dans l’entre-deux.

 

 

Si je savais où j’étais, je ne serais pas là.
Je ne serais pas là où je suis.

 

 

LA PLAISANTERIE

Un plaisant complaisant se complaisait à complaire, en plaisantant à tout propos.
La mort complaisante s’est complue à lui plaire, pour sa dernière plaisanterie.

 

 

DANSE MACABRE

Je danse parce que j’ai froid.
Je danse pour les morts.
Je danse parce que je sens le froid de la mort.

 

 

INéGALITéS

Il y a plus de poètes que de lecteurs.
Il y a plus d’artistes que de collectionneurs.
Il y a plus de morts que de vivants.
Il y a plus de cons que de bites.

 

 

MOI NON PLUS

Je suis allé aussi loin que j’ai pu, mais je n’ai rien vu.
Quand je suis revenu, les gens m’ont demandé où j’étais allé.
J’ai répondu : “Je suis allé aussi loin que j’ai pu, mais je n’ai rien vu”.
Ils n’ont pas compris pourquoi j’étais allé aussi loin pour ne rien voir.

 

 

LES âMES VEULES

Elles veulent un ventre plat, ils veulent un écran plat.
Elles veulent garder la ligne, ils veulent un six cylindres en ligne.

 

 

Quelques uns ont raison avant les autres,
mais beaucoup ont tort longtemps après

 

 

Tout a été mais rien n’est allé.
Puisque tout a été, tout est fini.

 

 

Si les fleurs sentaient la merde et que la merde sentait les fleurs,
on dirait que les fleurs sentent bon et que la merde pue.

 

 

LE MACHIN DU POUVOIR

Prendre le mobile pour prendre la parole.
Prendre l’A.P.N. pour prendre une photo.
Prendre la voiture pour prendre la route.
Prendre une machine pour avoir le pouvoir.

 

 

ça commence en demandant tout.
ça finit en n’ayant jamais rien.

 

 

L’homme qui plaisait aux femmes s’était fait greffer une langue à la place de la bite.
Il pouvait les embrasser en leur faisant un cunnilingus.

 

 

Le premier arrondissement au premier siècle était fabuleux.
Le seizième arrondissement au seizième siècle était noble.
Le vingtième arrondissement au vingtième siècle était insalubre.

 

 

Tout va bien madame la Marquise,
la Marquise qui se marre.

 

 

1910, le grand cru de la Seine.

 

 

LE BILAN DU LIBAN

Il y a des albanais au Liban
et des libanais en Albanie.

 

 

Jamais vu, toujours su.

 

 

Tu peines à vivre, c’est la peine de vivre,
car toute vie est condamnée à la peine de mort.

 

 

PEINES

Tu peines à vivre et tu peines à la pensée de mourir.
Quand tout est peine, ce n’est plus la peine d’avoir de la peine.

 

 

Ma voiture est tombée en panne au premier anniversaire de la mort de ma femme.
Ma voiture a un inconscient.

 

 

Insidieusement,
ainsi dieu se ment.

 

 

Le flipper parle.
La voiture parle.
Le métro parle.
Et toi tu te tais : tu n’as rien à dire.

 

 

L’ALCOOLIQUE

Quand je bois, j’ai le vin gai.
Quand je ne bois pas, j’ai le vin triste.

 

 

J’étais un homme de terrain,
quand j’étais l’homme de tes reins.
Depuis que je ne vois plus tes reins,
je me sens un peu moins terrien.

 

 

à CHARLES MATTON

Je voudrais être un miroir, qui regarde un miroir.

 

 

LES DEUX BEAUTéS DU MONDE

Nous vivons dans un monde de beauté rempli de laideurs.
Laide beauté du monde.

 

 

L’aide-beauté du monde.
Les deux beautés du monde.
Lait de beauté du monde.
Les deux beaux thés du monde.

 

 

Les hommes peuvent peigner les cheveux des femmes,
mais les peintres peignent les cheveux des femmes.

 

 

Il faut se garder de ceux qui gardent,
et regarder ce qui te regarde.

 

 

LEçON DE PHOTOGRAPHIE N°1

Je n’entends pas le son des photographies.

 

 

Je me suis fait tatouer la bible sur le corps,
et j’ai trouvé dieu au bout de ma bite.

 

 

LE BON ARTISTE

Je ne suis pas un anus qui pond des merdes.
Je suis une bite qui envoie du sperme.

 

 

Si je n’étais pas mort en 1980, j’aurais eu 100 ans en 2053.
Si je n’étais pas mort en 2000, j’aurais eu 100 ans en 2053.
Si je n’étais pas mort en 2020, j’aurais eu 100 ans en 2053.
Si j’étais mort en 2054, j’aurais encore eu 100 ans en 2053

 

 

Le temps est venu pour toi d’embrasser la mort,
de lui faire croire que tu la désires,
et que tu l’as toujours aimée.
Le temps est venu pour toi de rompre avec la vie,
de lui confier ta lassitude et ton ennui.
Le temps est venu pour toi de quitter l’une pour partir avec l’autre.

 

 

DELAMOR

De l’amour, tu ne sauras rien, puisqu’il te ravit avant que tu ne comprennes.
De la mort, tu ne sauras rien, puisqu’elle te prend et t’emporte encore vif.

 

 

Un jour, tu dormiras enfin les yeux ouverts.

 

 

Ne te découvre pas trop, tu pourrais être découvert.
“Père ! Gardez-vous à gauche. Père ! Gardez-vous à droite !”
“Fils ! Garde-toi derrière ! Je suis toujours là !”

 

 

ARRêTE TON CINéMA

Ne te découvre pas, tu pourrais être découvert.
Ne te découvre pas d’un fil,
puisqu’un fil suffirait à détisser la toile derrière laquelle tu as été conçu.

 

 

Non, tu n’as rien.
Tu n’as rien vu de ce qu’il fallait voir.
Tu n’as rien su de ce qu’il fallait savoir.
Tu n’as rien eu de ce qu’il fallait avoir.
Non ! Ne t’inquiètes pas, tu n’as rien.

 

 

Vous n’avez rien vu : je suis déjà mort.
Non, vous n’avez encore rien vu : je ne vais pas ressusciter.

 

 

Lorsque votre mère vous portait
et qu’elle savait que vous étiez le fils de son amant,
ce fut le début de votre Grand Malheur
que d’être le fruit de ce Grand Bonheur.

Lorsque votre mère vous portait
et qu’elle ne savait pas si vous étiez le fils de son mari ou de son amant,
ce fut le début de votre Grand Malheur
que d’être le fruit de ce Grand Malheur.

Lorsque votre mère vous portait
et qu’elle savait que vous étiez le fils de son mari,
ce fut le début de votre Grand Bonheur
que d’être le fruit de ce Grand Malheur.

 

 

Je suis allergique aux mouchoirs :
plus je me mouche, plus je me mouche.

 

 

Un fort mateur regorge d’informations.

 

 

NOUS SOMMES DANS LA MERDE

Nous sommes dans la merde,
coincés entre les oiseaux qui chient dans le ciel
et les poissons qui chient dans l’eau.

 

 

Il était moins con qu’il ne le paraissait.
Mais comment avait-il pu le paraître aussi bien ?

 

 

LES HAUTS ET LES BAS

Léo a des hauts et des bas :
quand il voit des bas, il perd le haut,
quand il est en haut, il veut voir les bas.

 

 

TOUT TâCHE

Tout tâche :
un petit blanc et du gros rouge.

 

 

Le nom propre le plus commun : Dupont.
Le nom commun le plus propre : propre.

 

 

Tous les gens heureux du monde.
Tous les gens du monde heureux.
Tous les gens malheureux du monde heureux.
Tous les gens heureux du monde malheureux.

 

 

FAIRE L’AMOUR AU SOLEIL

L’hystérique aime faire l’amour au soleil.
Le dépressif fait l’amour au sommeil.

 

 

PLAN DE VIE

Il est si facile de se perdre
et si difficile de se trouver.

 

 

FINS

Fin d’année, fin damnée.
Fin de vie, faim de vie.

 

 

Tant de tant pis et trop de trop tard
font qu’il y a
si peu de tant mieux et pas assez de trop bon.

 

 

Tout me fait tout :
les gens, les choses et la vie.
Rien ne me fait rien :
l’alcool, les calmants et la vie

 

 

LE NOëL DE NOé

De cadeaux, vous serez submergés.
En cas d'eau, vous serez inondés.

 

 

YOGI DéGOUTé

Éteignez vos cerveaux pour voir la lumière.

 

 

En exhalant vos rancoeurs,
vous exhalez vos exhalaisons.

 

 

Préférez les inhalations inhalées aux inhalations exhalées.
Pratiquez les exhalaisons inhalées plutôt que les exhalations exhalées.

 

 

SUICIDE CARBONIQUE

Inhalez vos exhalaisons.

 

 

J'écoutais la radio.
Tout d'un coup, la musique s'est arrêtée et une voix a dit : "Allo?"
J'ai répondu : "Allo?" Il y avait quelqu'un de l'autre coté.
Nous avons parlé des aléas de la vie et de la mort
et nous sommes tombés d'accord :
nous conseillons les aléas de la vie.

 

 

Si le silence est d'or pourquoi tant de silences de plomb ?

 

 

L'IDIOT ET LE SAVANT

Ne connaître qu'une chose et la retrouver en toutes choses.
Connaître toutes choses et se perdre dans les choses.

 

 

Ceux qui savent toujours tout
et ceux qui ne savent jamais rien
se rencontrent tout le temps

 

 

De ses yeux, de sa voix, de ses seins,
Circé m'a transformé en pourceau
qui mange les perles qu'on jette aux cochons.

 

 

EXPLOSION DE JOIE

J'ai vu une énorme explosion.
J'ai entendu siffler les éclats à mes oreilles, mais aucun ne m'a touché.
J'ai vu les chairs déchirées et les plaies sanguinolentes.
J'ai entendu les gens crier de joie, mais je n'ai pas connu ce bonheur là.

 

 

Ils sont fauchés en pleine gloire,
après avoir germé dans l'indifférence générale.

 

 

Retenir sans retenue
quelqu'un qui aime la vie
qui ne tient qu'à un fil.

 

 

Tu te retiens de tout retenir.
Tiens-toi bien : ne retiens rien !

 

 

Tu crois avoir tout retenu de la vie,
qui s'écoule comme le sable entre les doigts.

 

 

SOLARIS

Elle se sert de ta mémoire.
Elle se sert de tes souvenirs.
Elle se sert de tes échecs et de tes désirs,
la vie pour te dire que tu vas mourir.

 

 

Le licencié de la faculté s'est vu débaucher.
Le débauché de la rue des Martyrs s'est fait licencier.
En pleine débauche, ils se sont retrouvés à faire preuve de la plus extrême licence.

 

 

Coincés entre le cabinet de travail et le cabinet de curiosités,
nous devons toujours en passer par le cabinet d'aisances.

 

 

Le niveau à eau ne manque pas d'air,
car sans sa bulle d'air dans l'eau,
on n'y verrait que du feu.

 

 

La mise à mort peut être une mise à l'écart.
La mise à mort peut être une mise hors-circuit.
La mise à mort peut être une mise en lieu sûr.
La mise à mort peut être une mise au point.
La mise à mort peut être une mise en place.
La mise à mort peut être une mise au net.
La mise à mort peut être une mise à mal.
Mais la mise à mort n'est pas une mise au jour.

 

 

TOUT EST VRAI, PARCE QUE CELA S’EST PASSé.
TOUT EST FAUX PARCE QUE JE N’AI RIEN FAIT.

 

 

 

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