CARNET

"1998-2004"

 


PLANSITE-------SITEMAP----

 

La lie du peuple
boit la coupe jusqu’à la lie.

 

 

LE PYROMANE

Je veux revoir papa éteindre maman.

 

 

Un obsessionnel trouvera toujours un ordre dans le chaos,
car l’ordre est une des infinies possibilités du chaos.

 

 

PARADOXE DU CRéATEUR 1

Comment faire une représentation sans être en représentation ?

 

 

J’en ai eu, mais je n’en ai plus.
Et si j’en avais encore, vous n’en auriez pas,
car je n’en ai pas eu, lorsque vous en aviez.

 

 

JOUR DES CENDRES

Mes cendres encore chaudes ne brûleront plus ton corps,
mes braises refroidies ne raviveront plus ta flamme.

 

 

La décollation
cette manière brutale
d’avoir pour quelques instants
la tête en l’air.

 

 

La meule de pierre
broie le grain
de la meule de blé.

 

 

LE SECOND FILS AîNé

Quand le second fils est né,
le premier l’est devenu.

 

 

TOUS LES MêMES

C’est parce que nous avons tous quelque chose de particulier,
que nous sommes bien tous les mêmes.

 

 

Quand la barbe mange les joues de papa,
et que papa mange de la barbe à papa,
la barbe à papa mange la barbe de papa.

 

 

Il y a 60 millions de français,
mais 60 millions nouveaux
ou 60 millions anciens ?

 

 

Si on décidait que le bonheur c’était le malheur,
et que le malheur c’était le bonheur,
on pourrait être heureux en restant malheureux.

 

 

Avoir des conversations d’un ennui mortel,
pour éviter les silences de mort.

 

 

TROIS ATTENTIONS

Faites attention à vous,
si vous ne faites pas attention
aux marques d’attention que je vous porte.

 

 

Quand je regarde l’heure, je ne vois pas la montre.
Lorsque je contemple la peinture, j’oublie le cadre.
Mais quand j’observe la vie, je vois rôder la mort.

 

 

Quand j’arrive au milieu de la bouteille à moitié vide,
je dis bonjour à celui qui est au milieu de la bouteille à moitié pleine.

 

 

On peut être heureux d’être malheureux.
On peut être heureux de ne pas être malheureux.
On peut être heureux d’être heureux.
Mais on n’est jamais malheureux d’être heureux.

 

 

LE VERS LENT DE N.T.M.

Si tu niques ta mère,
tu aimes tes haines.

 

 

Il changeait,
pour faire les mêmes erreurs d’une manière différente.

 

 

LAIT FROID DE LAIT FRAIS

 

 

Je vends et j’achète.
Je vends des agences immobilières
et j’achète des centrales d’achat.

 

 

un prématuré disparaît parfois prématurément.

 

 

À force de courage,
à force de ténacité,
à force de volonté,
sa faiblesse l’emporta.

 

 

LES TROIS PEINTURES

Le peintre sait
qu’une peinture recouverte de peinture
n’est pas que de la peinture.

 

 

LES DEUX PEINTRES

Le peintre classique arrive à la peinture, en couvrant sa toile de peinture.
Tandis qu’un monochrome s’arrête à la peinture avec sa toile recouverte de peinture.

 

 

Quand en aurez-vous assez de ne jamais en avoir assez ?

 

 

Faire une peinture avec de la peinture,
c’est faire de la balançoire avec une balançoire,
c’est faire une choucroute avec de la choucroute,
c’est faire une chose avec autre chose.

 

 

UN CHIEN COURANT

Un chien dont on ne saurait dire
s’il court en aboyant, ou s’il aboie en courant.

 

 

MêME LE MENTEUR

Si tout le monde ment de temps en temps,
même le menteur ne peut pas mentir tout le temps.

 

 

Les larmes des faibles
sont l’arme de faibles.

 

 

On commence par ressentir des sentiments,
pour finir par sentir du ressentiment.

 

 

Si la terre n’est pas le centre de la galaxie,
l’univers n’est pas le centre du monde.

 

 

L’art con,
l’art content,
l’art contemporain.

 

 

Un beau brun et une belle brune,
un beau brun et un beau brin,
un beau brun et un beau brin de fille.

 

 

LE PARADOXE DU DéTECTIVE

Même si un détective suit parfois un autre détective,
je ne suis pas toujours un détective, lorsque je suis un détective.

 

 

L’aventurier qui n’aime pas les aventures lointaines
cherche la nuit des aventures d’un jour.

 

NOUVEAUTé 2005

 

L’aventurier n’aime pas que l’on prenne son territoire,
pour un terrain d’aventures.

 

 

LES TROUS DANS LA VIE

Ils croient faire leur chemin,
alors qu’ils n’ont fait que leur trou.

 

 

LE DEVOIR

Tu pourras t’amuser quand tu auras fait tes devoirs.
Puisque je devrai mourir un jour, je devrais le faire maintenant.

 

 

LA CONDITION DU FUTUR

Je devrai mourir quand la mort m’appellera,
et c’est pour cela que je devrais vivre !

 

 

Ils cherchent la vitesse sur terre, dans l’air et sur l’eau.
Mais qui a jamais cherché la vitesse dans le feu ?

 

 

Celui-là veut plaire à cet autre qui veut plaire aussi.
Pour cette même raison, tous deux peuvent s’aimer ou se détester.

 

 

Le marchand de chaussures sait que les pas perdus
ne sont pas perdus pour tout le monde.

 

 

HIC ET NUNC

Jusqu’où ?
Jusque là.
Jusqu’à quand ?
Jusqu’à maintenant.

 

 

Le cuisinier cuisine,
le professeur professe,
le maçon maçonne,
le boucher bouche
et le poissonnier poissonne.

 

 

Longtemps tu t’es cru,
mais jamais tu ne t’es su.

 

 

TU TE CROIS TOUT PERMIS

Tu te connais, tu te crois, tu te dis.
Tu te vois, tu t’entends, tu te parles.
Tu te penses, tu t’imagines, tu te rêves.
Tu te crois tout permis.

 

 

Il y a tout ce qu’on voit et qui nous lasse,
et tout ce que l’on ne voit pas et qui nous fascine.
Mais si l’on voyait tout ce que l’on ne voit pas,
tout ce que l’on ne voit pas, nous lasserait aussi.

 

 

Ils agitent les palmes : tu es un prophète.
Ils te couvrent de lauriers : tu es un héros
Ils te jettent aux lions : tu redeviens mortel.

 

 

Vous êtes un grain de sable,
vous êtes une goutte d’eau.
Nous sommes le désert et l’océan.

 

 

Le monde est plein de monde,
et chaque être est à lui seul un monde,
qui fait que le monde est plein de mondes.

 

 

LES MORTS POSTHUMES

Mozart a vécu au trois de la rue Debussy.
Christophe Colomb est né à Chicago.
Eiffel a construit la tour Montparnasse.

 

 

L’herbe est verte, l’or est jaune, le charbon est noir.
Mais quelle est la couleur du plastique ?

 

 

Bien pensant,
mal pensé.

 

 

Chez les heureux,
il y a les heureux, les bienheureux et les imbéciles heureux.
Qui se ressemble s’assemble.

 

 

Il est mal, heureux, le malheureux,
car il n’y a pas de bonheur heureux.

 

 

Le malheur fait des malheureux,
mais le bonheur ne fait pas de bonheureux.

 

 

La vie est profonde à ceux qui la contemplent,
et plate pour ceux qui la suivent.
La vie est dure pour ceux qui s’accrochent,
et douce à ceux qui s’y glissent.

 

 

La chaussure prend la forme de ton pied.
La robe prend la forme de son buste.
Ton pied donne sa forme à la chaussure,
et son buste donne sa forme à la robe.
Ton corps donne quand l’objet prend.

 

 

La chaise est à ta taille,
la table est à ta hauteur,
la chaussure est à ta pointure.
Les objets se soumettent à toi,
pour que tu puisses leur obéir.

 

 

LéVITATIONS

Personne ne lévite, sauf le Bouddha.
La mort, personne ne l’évite, sauf le Bouddha.

 

 

On croit qu’ils croient qu’ils sont forts.
On ne sait pas qu’ils ne savent pas qu’ils ne le sont pas.

 

 

ZOMBIES

On voudrait tous être des morts-vivants :
toujours vivants, pour vivre encore,
déjà-morts, pour ne plus avoir à mourir.

 

 

D’Où LEURS SOUFFRANCES

Ils souffrent d’où leur douleur.
Mais d’où leurs souffrances
tirent-elles leur douleur ?

 

 

D’Où LEUR DOULEUR

D’où leur douleur tire-t-elle sa douleur,
pour avoir à souffrir tant de souffrance ?

 

 

LES BIOGRAPHIES PROPHéTIQUES

Ils arrivent comme des romans déjà écrits.
Ils connaissent la marque de leur prochaine voiture, et le nombre de leurs enfants à venir.
Ils sont les biographes prophétiques de leur propre vie en train de s’accomplir.

 

 

Il faut un jour,
le jour des cendres,
descendre dans la tombe.

 

 

Depuis qu’ils ont emporté mon bureau,
je m’ennuie au bureau.
Depuis qu’ils ont emporté mon bureau,
mon bureau est un véritable placard.

 

 

L’antipodiste a les pieds sur terre, lorsqu’il marche aux antipodes,
et la tête à l’envers, quand il travaille chez lui.

 

 

Tu peux toucher celui qui caresse et répondre à celui qui parle.
Tu peux voir celui qui regarde et sentir celui qui hume.
Mais tu n’entendras pas celui qui écoute.

 

 

Le petit-fils d’Einstein n’a pas inventé la relativité.
Le frère de Newton ne découvrira pas les lois de la gravité.
La mère de Dali n’a jamais peint l’autoportrait de son fils.
Tu ne feras jamais rien si tu n’es pas à la bonne place.

 

 

La femme d’un homme qui n’est pas son type d’homme
est bien souvent la femme d’un homme à femmes.
 

 

PAPA SOLEIL

Le soleil ne pense pas qu’il va s’éteindre.
Le soleil ne sait pas qu’il va s’éteindre.
Et toi, tu le sais,
qui est des milliards de fois plus faible que lui.

 

 

Vous arrivez et on vous demande de circuler.
Mais circuler c’est circulaire.
Alors vous revenez et on vous redemande de circuler.

 

 

ATTACHEMENTS

N’attachez pas vos enfants,
si vous voulez qu’ils s’attachent à vous.

 

 

DéTACHEMENTS

En détachement, loin du monde,
je me suis détaché de tout,
et me détache de moi
depuis que je me suis détaché du monde.

 

 

ULYSSE ET PéNéLOPE

Tandis que la femme coud, l’homme en découd.

 

 

Arriver,
ça arrive.

 

 

J’aimerais arriver,
mais n’arrive pas à savoir où je veux en arriver.

 

 

La mémoire des morts.
Comme si les morts avaient de la mémoire !

 

 

Quand je raisonne, ça résonne en moi,
et quand je déraisonne, ça résonne encore plus.

 

 

On perd la partie, on perd son temps, mais on ne perd pas le malheur.
On perd la vie, mais on ne perd pas la mort.
On perd la victoire, on peut même perdre la défaite,
mais on ne perdra jamais la perte.

 

 

J’ai perdu le fil de la vie et ne le retrouve pas.
Quelqu’un a dû y toucher et ne l’a pas remis à sa place.

 

 

LA DERNIèRE SéANCE

Un jour, le son s’étiolera et les sous-titres s’effilocheront.
Alors, nous reconnaîtrons les films muets de notre enfance
dans le fondu au noir de notre dernière séance.

 

 

Depuis que j’ai mis le Lexomil dans l’eau des plantes,
et que j’ai bu du Pokon,
je grandis tandis que les fleurs dorment.

 

 

LE VOLEUR VOLANT

Quand un voleur vole un tapis volant,
un voleur vole sur un tapis volant.

 

 

Une femme enrobée,
dans une robe,
qui la dérobe aux regards.

 

 

Les deux oreilles n’entendent pas les mêmes sons
et les deux narines ne sentent pas les mêmes odeurs.
Les deux yeux n’ont pas la même taille
et ne regardent pas dans la même direction.
Ainsi, tandis qu’un oeil contemple l’amour et le soleil
l’autre aperçoit la haine et la lune.

 

 

éCLAIRCIR

Le ciel s’éclaircit.
J’aperçois une lueur dans la forêt : l’éclaircie d’une clairière.
Le bûcheron abat des arbres pour illuminer les taillis.
Ainsi, la mort éclaircit nos vies,
qui enterre nos amours, nos désirs et nos amis.

 

 

éBAUCHES DE DéBAUCHES

Débauchés,
contentez-vous d’ébaucher la débauche
afin de ne pas tomber dans la débauche.

 

 

LA VIE NOUS EMBAUCHE DANS UNE DéBAUCHE DONT SEULE LA MORT PEUT NOUS DéBAUCHER

La vie, parfois, nous embauche
pour mener une vie de débauche.
Puis, la mort nous embauche
pour mettre fin à cette débauche.

 

 

L’OR C’EST DE L’ARGENT

L’or c’est de l’argent,
mais l’argent n’est pas toujours en or :
parfois c’est du nickel, parfois c’est en papier.

 

 

Les femmes des artistes aiment les artistes.
Elles peuvent aimer l’homme sans aimer son art.
Les maîtresses des artistes n’aiment pas les femmes des artistes.
Elles peuvent aimer l’homme sans aimer son goût mais en aimant son art.
Les marchands des artistes aiment la valeur de leurs artistes.
Ainsi, ils peuvent aimer l’art sans aimer l’homme.

 

 

PUBLICITé

Ne portez plus de packs, achetez l’eau déshydratée.
Remplissez la bouteille avec l’eau du robinet.
Secouez. C’est prêt.

 

 

“Effet décoiffé longue durée”
LORéAL (Octobre 2002)

 

 

Coincé entre un pan de mur et le pont japonais,
le paon criait : “Léon ! ”.

 

 

L’homme qui savait faire jouir toutes les femmes
n’avait jamais connu la moindre femme.

 

 

Le peintre qui habitait juste derrière la deuxième guerre mondiale
a vu sa carrière démarrer peu après le Mac-Donald.

 

 

Le malfaiteur n’est pas un bienfait.
Le bienfaiteur n’est pas mal fait.

 

 

D’abord, réduire au minimum la taille des fichiers.
Ensuite, réduire au maximum la taille des fichiers.

 

 

Quand tu dis : “Sans doute !”, tu doutes.

 

 

LE MANUEL DU SEXE PARFAIT

Chapitre I Comment faire jouir une femme qui veut jouir.
Chapitre II Comment faire jouir une femme qui ne veut pas jouir.
Chapitre III Comment ne pas faire jouir une femme qui veut jouir.
Chapitre IV Comment ne pas faire jouir une femme qui ne veut pas jouir.

 

 

JE NE PEUX PAS ME VOIR

Je ne peux pas me voir, lorsque je n’ai pas de miroir.
Et je ne peux pas me voir lorsque je me regarde dans la glace.

 

 

Calme sans calmant.
Excité sans excitant.

 

 

L’OBSESSION DE VIVRE

La mort nous libère de nos manies et de nos compulsions.
Respirer, manger, marcher, dormir, aimer.
La mort nous délivre de l’obsession de vivre.

 

 

La vie nous trompe,
qui nous laisse connaître la date de notre naissance,
sans nous donner celle de notre mort.

 

 

J’en sais moins sur ma vie que ma pierre tombale.

 

 

LA MORAVIE

La mort à vie,
un beau pays.

 

 

FAIRE-PARTS

Des trois faire-part de la vie,
nous ne lisons que les deux premiers.
 

 

Tous les jours de ma vie, je pense à la mort.
Alors que tous les jours de ma mort, je ne pourrai plus penser à la vie.

 

 

PRESQUE DéJà MORT

Ne fais pas l’ascète, ne fais pas le débauché.
Rien ne sert d’être déjà mort,
car la mort t’attend en enfer, tout autant qu'au paradis.

 

 

Tu n’es pas fini :
il te manque la joie de vivre et le goût du bonheur.
Tu n’as pas fini :
tu peux encore goûter aux plaisirs simples et aux moments bénis.

 

 

J’hésite entre me laisser vivre et me laisser mourir.

 

 

ON C’EST UN CON

On naît bon, beaucoup trop bon.
On s’éteint con, beaucoup trop con.

 

 

DéSORDRES AMOUREUX

Les désordres amoureux naissent des ordres amoureux.

 

 

PASSAGE DE L’EGO

Avant on soulignait,
maintenant on surligne.

 

 

PARADOXE DE L’ACTEUR

Alors que l’acteur qui tue n’a jamais tué personne,
l’acteur qui baille fait bailler la salle.

 

 

On peut décourager le courage, et même apeurer la peur,
mais qui pourra jamais humilier l’humilité.

 

 

Ce qui est émouvant, émeut l’émotif.
Ce qui est inquiétant angoisse l’anxieux.
Mais ce qui est rassurant est inutile au rassuré.

 

 

âME AMèRE

Il a l’âme amère
celui qui a goûté à l’amertume de la mère.

 

 

J’ai perdu mon père,
je suis père dû.

 

 

Lexomil amer
délivre moi
de l’amertume de l’amer.

 

 

Si je n’avais pas peur de la mort, j’épouserais une femme laide.
Si je n’avais pas peur du monde, je mènerais une vie exubérante.
Si je n’avais pas peur de moi, je pourrais m’aimer.

 

 

Celui qui meurt à la naissance ne verra la mort qu’une seule fois.

 

 

CROIX DE BOIS, CROIX DE FER

Il faut faire des croix sur ta vie,
avant que la mort ne fasse une croix sur ta tombe.

 

 

La vie est remplie de premières fois,
qui te conduisent inéluctablement vers la dernière.

 

 

La première femme, le dernier amour.
Le premier mot, la dernière parole.
Le premier cri, le dernier soupir.

 

 

EST-CE QU’ILS éTAIENT VIVANTS LES MORTS AVANT DE MOURIR ?

 

 

Le plaisir cache le travail,
le travail cache la vie,
la vie cache la mort.

 

 

POMPEI

Tous les cheveux s’envolent,
dans le train qui nous conduit à la cité des morts.

 

 

POMPEI AUCHAN
300 METRI
(Pancarte italienne, été 2003)

 

 

LA VIE DANS LE VIDE

La vie est dans le vide

 

 

LA FIN DU DéBUT ET LE DéBUT DE LA FIN

Je ne suis pas fini, je suis encore tout petit.
Je ne suis pas fini, je ne suis pas encore mort.

 

 

LA FRAYEUR SE FRAIE SON CHEMIN

Pour effrayer les faibles,
l’effroi se fraie son chemin.

 

 

SOLITUDE DE LA FRAYEUR

La frayeur ne fraye avec personne.
La frayeur est solitaire.
La frayeur ne connaît que les effrayés
qui s’enfuient à son passage.

 

 

Ils aiment les effusions,
toutes les effusions,
même celles qui se terminent dans le sang.

 

 

Les motions de mon coeur meuvent mon corps.
L’émotion de mon coeur émeut mon esprit.

 

 

RAISONS DE LA DéRAISON

La vie est une déraison qui nous donne des raisons de mourir.

 

 

C’est une déraison de t’aimer tant il y a des raisons de te haïr.
C’est une déraison de te haïr, tant il y a déraison de t’aimer.

 

 

L’un des sens,
seul l’un des sens,
nous montre l’indécence.

 

 

La vie est une comédie, qui fait pleurer les gens.

 

 

Sur mon bout de bois,
assis heureux,
je suis le singe aux trois visages.
Quand je vous regarde, je ne vous vois pas.
À vous écouter, je ne vous entends pas,
et lorsque je vous parle, cela ne vous dit rien.

 

 

Dans la tour,
l’ascenseur qui descend sa charge
épouse le trajet du vide-ordures.

 

 

On est sur la terre,
mais on est sûr de rien.

 

 

LOT DE CONSOLATION

Consoles, consolez-moi !
Ce que je vous ferai porter
me consolera de ce qui me pèse.

 

 

À quelque chose malheur est bon :
les angoisses de mort n’intéressent que les vivants.

 

 

L’amour est un archer idiot,
qui perce de deux flèches,
ceux qu’il aurait dû unir d’un seul trait.

 

 

Je lis à coté de l’acacia.
Je dors sous le tilleul.
Je travaille à l’ombre du bouleau.
Je vis loin de l’hêtre,
et je mourrai sous le noyer.

 

 

Boire du thé au café,
manger un croissant sous la lune,
et voir la vie en rose un jeudi noir.

 

 

IL NE SE PASSE RIEN à L’EXTéRIEUR

Les études supérieures d’une femme d’intérieur.
Les pensées inférieures des gens supérieurs.
Les mondes intérieurs des êtres inférieurs.

 

 

Pisser sur le sommet en contemplant la vallée,
n’est pas pisser dans la vallée en regardant le sommet.

 

 

Je passe mon temps à gagner de l’argent,
que je dépense pour gagner du temps.

 

 

La pellicule est souvent plus sensible que le photographe.

 

 

Il y a des gens qui vont bien et qui ne le savent pas : les jamais contents.
Il y a des gens qui vont mal et qui l’ignorent : les ravis de la crèche.

 

 

J’ai mangé de la choucroute place de Strasbourg à Bordeaux
et dégusté des cannelés avenue de Bordeaux à Édimbourg.

 

 

Un gros cul porte une petite culotte.

 

 

Une boite rouge ou verte.
Une boite rouge ouverte.

 

 

Un trou blanc
très troublant.

 

 

J’en chéris des choses
et j’enchéris sur elles
pour m’enrichir.

 

 

J’enchéris sur ma chérie,
sur ma chérie que j’enrichis.

 

 

Les gens sont occupés, et on s’occupe de ses affaires.
Des pays sont occupés et on occupe le temps.
Mais qui peut bien s’occuper de moi ?

 

 

J’ai un fournisseur d’accès à l’illumination.
Il a un débit très haut, très haut, très haut.
C’est un débit très beau, très beau, très beau.

 

 

MONTAGNES ET EAUX

La mer est une montagne d’eau,
la montagne est un océan de vagues.

 

 

Les névrosés font toujours de mauvais jeux de maux.

 

 

Dessiner,
c’est préférer les relations spatiales aux relations humaines.

 

 

LE MONDE EST PLEIN DE MONDE

Le monde est plein d’humains qui ont chacun leurs mondes intérieurs.
Le monde est plein de monde rempli de mondes.

 

 

PETITES SURFACES

Dans ton appartement,
tu sors par la porte d’entrée.

 

 

 

 

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