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1. DE MUYSER Arnout, "Marché aux fleurs et légumes". Cette autre toile de d’Arnout De Muyser pourrait fort bien être le pendant de la toile vue précédemment : "La femme du marché". Mais n’ayant pas trouvé les dimensions de ce tableau, cela ne restera, pour lors, qu’une hypothèse. Pourtant nombre d’indices plastiques et symboliques font que ces deux toiles forment un ensemble. Même si cet ensemble pourrait provenir du fait que, lorsqu’un thème se vendait bien, l’atelier du peintre en produisait de nombreuses variantes. Nous retrouvons donc ici l’opposition de deux étals, tenus tous deux par des femmes et la même composition qui, bien qu’inversée, laisse toujours les deux tiers de la peinture à la marchande de légumes. Mais commençons par la marchande de fleurs. Son visage montre qu’elle pourrait être le modèle ayant servi aux deux tableaux. Qui plus est, elle présente la même expression et son regard, sans être vraiment tourné vers le spectateur, se perd derrière nous. Enfin, hormis la jupe qui passe du vert au rouge, nous retrouvons les mêmes habits, la même coiffe et le même collet. Mais, cette fois, au lieu de retenir deux poules en son giron, elle présente un bouquet composé de deux types de fleurs différentes. Ces fleurs, et les autres placées tout autour d’elle, doivent évoquer une symbolique que seuls les spécialistes seraient à même d’expliciter. Pourtant, sur le bord gauche de la toile, nous trouvons un ensemble de fleurs blanches, contenues dans un présentoir métallique, fleurs qui ressemblent fortement à la plus grosse fleur du bouquet qui, là aussi à gauche, couronnait l’étalage de légumes et de fruits de la toile précédente. Enfin, pour en finir avec les fleurs, une seule d’entre elles est rouge, celle qui reposant sur son tablier noir, en son giron, semble dépourvue de tige. Si l’attitude guindée et engoncée de cette femme n’était pas si marquée, cet ensemble floral pourrait évoquer la perte de la virginité. Du coté de l’étal de légumes nous retrouvons la configuration de la toile précédente. Au premier plan en bas, mais cette fois dans une brouette, des légumes plutôt verts alternent formes allongées et sphériques. Nous retrouvons les trois choux verts qui, là encore sont à proximité des concombres. Puis, au-dessus, derrière la marchande, les fruits sont disposés dans des paniers posés sur une table. La marchande est cependant moins dénudée que la précédente. De plus au lieu d’être importunée par un buveur, elle tend un chou à une femme qui est la plus austère de celles que nous avons pu voir jusqu’ici. Rappelons, que depuis l’antiquité grecque, les garçons sont censés naître dans les choux, ou, pour le moins, être couvert de feuilles de choux. De même que la vendeuse de la toile précédente avait à ses pieds, à la verticale de sa main touchant un tubercule allongé, une autre feuille de chou se retrouve aux pieds de l’acheteuse. Ce chou tendu par la marchande devrait logiquement terminer son parcours dans le panier entrouvert que tient la femme toute de noir vêtue. Ainsi, en dépit de la sévérité de sa mise, cette femme pourrait bien vouloir procréer. Si maintenant, nous poursuivons vers les plans éloignés, la symbolique change encore. Au-dessus de la tête de la fleuriste, un grand pan de mur sombre sans signification apparente. Un peu plus à droite une grande porte de pierres, porte d’entrée de la ville, bien mal entretenue. Puis, à la limite des deux étals, deux chiens ou un chien et une chienne jouent. Plus loin, contre la pile droite de la porte un homme urine. Toutes ces détails illustrent la trivialité de la vie quotidienne. En revanche, derrière l’étal de légumes, fermant la rue au loin, nous n’avons plus un hôtel de ville mais une église. Même si le clocher reprend la forme phallique du beffroi de l’hôtel de ville, nous sommes ici, par ce symbole, plus proche d’un mariage religieux que d’une union civile. Puis étonnamment, au-dessus de la tête de la marchande de légumes, nous apercevons encore des fleurs. Mais cette fois, au lieu d’un étal, nous avons une boutique. Les fleurs semblent différentes et, en cela, devraient exprimer une symbolique différente de celles de l’étal. Enfin, dernier détail, de sa fenêtre, une autre femme collet monté observe la scène de la vente du chou. Là encore, il est difficile de comprendre les contrastes d’objets, d’attitude, de formes, de couleurs et de symboles qui opposent les deux étals.Rappelons que les fleurs sont les organes reproducteurs des plantes. Et que sur l’étal de la vendeuse, toutes sont coupées et, ainsi, destinées à mourir. En revanche, les fruits et les légumes, bien qu’eux aussi coupés, sont destinés à se sustenter, à nourrir la vie et perpétuer l’espèce. Ainsi, la vendeuse de fleurs pourrait représenter perte d’une virginité qui n’aurait pas donné lieu à une naissance, tandis que la vendeuse de légumes serait celle qui permet la procréation.
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ICONOGRAPHIE DE MUYSER Arnout, seconde moitié du XVIe siècle
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