École de Lucknow, gouache sur
"Escalier impossible", détail d'une miniature de l'école de Lucknow.
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PLANSITE-------SITEMAP---


Ce détail provient de la
miniature de Lucknow que nous avons déjà étudiée. Des femmes assises, sous un dais impossible, prenaient leur repas sur la terrasse d'un palais. Deux escaliers en perspective apparemment parallèle permettaient d'atteindre cet endroit de rêve. Mais leur dessin a certainement été conçu pour nous signifier que cet endroit là n'était pas pour nous. Quel être humain pourrait gravir ces marches pour accéder au gynécée du prince ?
En alignant la base de la première contremarche, base frontale de l'escalier, avec la base du coté de l'escalier, le volume de cet élément architectural devient plat. L'escalier ressemble alors à un dessin esquissé sur la paroi verticale du muret. Habituellement, le procédé plastique de l'alignement équivoque, qui consiste à mettre sur un même axe deux lignes ou deux plans s'orientant dans des directions différentes, donne lieu à des situations que certains qualifient de figure impossibles, alors que nous n'avons là qu'équivoque spatiale.

 

Figure impossible : "Monopoutre Aplatie", alignement incohérent.

 

Ainsi, en dépit de l'alignement horizontal de ses deux plans arrières, la Monopoutre aplatie peut facilement être perçue comme une poutre tronquée. Mais cette figure située dans un espace indéfini, en-dehors de tout contexte, est facile à appréhender de diverses manières. Avec la représentation du sol et surtout d'un espace perspectif cohérent (tout du moins en ce détail isolé), l'alignement entre en conflit avec la représentation de l'espace. Ainsi, vous pouvez à bon droit voir là un escalier impossible dû à l'emploi d'un alignement incohérent. Pourtant, sachant que toute figure impossible peut donner lieu à construction, je me permets de vous indiquer un moyen simple de revenir à un dessin acceptable : veuillez considérer que cet escalier est un trompe-l'oeil peint à la surface d'un muret que vous pourriez enjamber sans grande difficulté.

En découvrant au début des années 90 cette image, j'en suis arrivé à produire deux ou trois dessins ambigus qui me font encore sourire. À gauche vous avez une simple reprise et même un plagiat de la miniature indienne. Considérez que ces deux escaliers étant peints à la surface du volume, vous ne pourrez jamais en atteindre le sommet. De tels cubes devraient être fabriqués et vendus en tant que petites "vanités", bibelots censés nous rappeler l'indécence de nos ambitions. À droite, vous avez un projet de tapis. Il est vrai que perçu sous cet angle, l'escalier semble aboutir à une cavité souterraine. Mais vendu comme un tapis, cette autre "vanité" aurait l'effet contraire du cube. Si le cube nous dit que nous ne pouvons pas monter plus haut, le tapis nous rappelle que nous ne pouvons pas descendre plus bas. C'est ainsi qu'un Cube aux escaliers devrait être offert à tout acheteur d'un Tapis à l'escalier.


Figure impossible : "Escalier moghol 1", encre sépia, fin XXème.Figure impossible : "Escalier moghol 2", encre sépia, fin XXème.

 

Vous pouvez encore voir, si le besoin s'en fait sentir, le plagiat le plus pur qui soit : l'Escalier moghol à une volée de marches, qui, en raison d'une pudeur rétroactive mal placée, n'est pas présenté sur cette page.

 

RÉFÉRENCES
Dames dans le jardin d'un palais, gouache sur papier, École de Lucknow, vers 1760, 256x170 mm., B.N.F. Estampes, Rés. Od 44 Fol.,N°4 (collection Gentil).

REPRODUIT DANS
À la cour du grand moghol, Bibliothèque Nationale, 1986, ISBN 2-7177-1742-0
Catalogue d'exposition, Galerie Mansart du 6 mars au 16 juin 1986 (voir page 103).

 

 

 

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