Cour du Marais, Paris, 2007.
Reflet-lumineux-de-fenetre
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PLANSITE--------SITEMAP----

 

Les miroirs ne sont pas seuls à renverser l'ordre du monde. Les vitres en dépit de leur transparence peuvent parfois les approcher, qui, sous un éclairage propice, en arrivent à produire des reflets. Mais, parce qu'ils n'égalent en rien les images spéculaires, et qu'ils ne renvoient qu'une pâle imitation du modèle qui les a fait naître, les reflets sont aux vitres ce que les ombres portées sont aux objets.
Dans la cour d'un immeuble du Marais, sortant de la
galerie de France, vous auriez pu apercevoir au soleil couchant ce lumineux, mais incomplet, reflet trouant de sa présence le mur plein et sombre qui l'accueille. Nous avons là, comme avec les miroirs, une contiguïté équivoque. Car la fenêtre située en votre arrière vient projeter la silhouette de son chambranle sur le mur qui vous fait face. En cela, l'ordre logique des plans, leur échelonnement dans l'espace, se trouve remis en cause.
Mais, nous avons reflet et reflet. Car ici, la vitre à la source de cette perturbation de l'espace est absente du champ de l'image, laissant même supposer une véritable absence, comme si nous avions là une peinture murale. Le reflet classique joue, quant à lui, comme un miroir. Ainsi, le très beau
reflet de Ralph Gibson n'ignore pas la vitre et se l'approprie pour venir inscrire le visage du photographe sur le mannequin exposé devant lui, dans la vitrine. Mais ici, pas de vitre que notre regard pourrait traverser et sur laquelle nous pourrions contempler les images réfléchies du monde environnant, mais le reflet lui-même, qui, bien qu'invisible à nos yeux, n'en vient pas moins porter sa lumineuse silhouette sur un mur de pénombre.
Seul le soleil, en dépit de sa présente absence, permet ce reflet là. Partant de l'astre couchant, quelques rayons égarés sont allés se réfléchir sur les vitres d'une fenêtre à laquelle vous tourniez le dos, rayons qui, en revenant sur leurs pas, sont ensuite allés illuminer le mur que vous êtes en train de contempler, yeux levés vers un ciel éclairé par un soleil qui vous échappe. Tout vous est caché, le soleil et la fenêtre, et pourtant tout vous est montré, le reflet du soleil dans le reflet de la fenètre.

 

 

 

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