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ANALYSE : "Croquis A1 du tableau 27 "

La figure A1 et la figure A2, que nous appellerons le T, sont exemplaires, qui nous font souvenir que la Tripoutre de Penrose est la mère de toutes les figures impossibles et ambiguës. Il suffirait en effet d’ajouter une troisième barre réunissant le côté gauche des poutres pour transformer cette image en Tripoutre à contact équivoque. Puis, à accepter ces nouvelles contiguïtés, nous aurions alors une variante de la Tripoutre de Penrose. Mais, ces figures étant constituées de deux blocs, nous sommes dans l’en-deçà de la Tripoutre, et avons là les plus petits contacts équivoques de volumes qui soient. Pour cette raison, nous allons approfondir l’étude de leur contiguïté, qui devrait logiquement se répéter dans les images suivantes.

Bien que le contact équivoque de surfaces de la figure A1 soit différent de la contiguïté ambiguë d’arêtes du T, le conflit spatial est identique, qui nous fait hésiter entre le contact et la séparation. Mais, cet écart apparemment minime ouvre un abîme dans la structure de l’ambiguïté. Le contact équivoque des surfaces de la première figure aboutit en effet à une double-image, tandis que le contact ambigu d’arêtes de la deuxième en produit une triple. Ainsi, alors que la figure A1 autorise deux échelonnements : le volume horizontal se trouve au contact ou en arrière du vertical, le T permet d’en imaginer trois : le volume horizontal se situe en arrière, au contact, ou bien encore en avant du volume vertical. Bien que cette troisième interprétation ne se perçoive pas sans difficulté, elle ne fait aucun doute, puisque nous sommes capables de la visualiser, et qu’il serait possible de la construire pour la photographier. Mais, comment expliquer la difficulté de sa perception ? D’un point de vue plastique, la vue plongeante que nous avons de ces masses, leur étagement dans l’espace et l’alignement du côté gauche de leurs bases, nous incitent à repousser en arrière le volume horizontal. De plus, la réalité fait rarement coïncider des masses volantes avec des volumes terrestres. Pour ces différentes raisons, les contacts au sol et entre éléments priment sur la simple coïncidence de contiguïté. À l’instar du Vase de Rubin, cette triple-image nous demande donc d’accepter une hiérarchie des lectures.

L’hypothèse d’un volume horizontal volant et séparé n’étant guère perceptible, nous considérons le T comme un pur conflit des contiguïtés. En effet, en l’absence de cette troisième interprétation, le contact équivoque du T provient de l’opposition de deux contiguïtés : alors que la perception d’une jonction des volumes suppose le contact entre les éléments, la vision de leur séparation nécessite le contact au sol. Essayons maintenant de comprendre les relations qui se nouent entre ces deux types de contact. Le contact équivoque au sol, déjà présent dans le Pont de B., poursuit en fait son travail de sape de la représentation. En l’absence de figuration explicite du plan terrestre, ou des éléments qui peuvent lui être associés (ombres portées, végétation, objets connus...), personne ne peut affirmer sa présence. Cependant, certains indices, tels que la présence massive des volumes et l’alignement du côté gauche de leurs bases, permettent d’envisager sa possibilité. La fragilité de cette présence fait que le spectateur hésite entre l’hypothèse du contact au sol de la barre horizontale et celle de sa contiguïté avec la poutre verticale. Mais, contrairement au Pont, ces deux hypothèses étant successivement envisageables, le T ne semble pas présenter de versant impossible.

Pourtant, l’addition des contacts débouche sur une dernière interprétation. L’acceptation simultanée des deux contiguïtés aboutit en effet à une situation impossible : les barres sont posées au sol, en même temps qu’elles sont soudées entre elles. Le T serait donc une figure impossible-possible d’un type particulier, puisque deux lectures vraisemblables s’y opposent à une troisième incohérente. Mais, la hiérarchie des interprétations marque une préférence pour l’ambigu. En effet, l’impossible n’est pas perçu, qui requiert l’addition de deux hypothèses antagoniques. Notre lecture du T se contente d’opérer un choix entre les deux contacts, plutôt que de les associer. Pourtant, d’un point de vue théorique, l’association des contact au sol et entre éléments constitue bien une troisième voie d’accès à l’impossible. Après le faux contact de la figure unique et fermée (la Tripoutre), et celui de la figure unique et ouverte, qui se ferme par un contact au sol (le Pont de B.) ou entre éléments (la Tripoutre à contact équivoque), nous découvrons maintenant celui de la figure multiple et ouverte, qui se clôt par l’emploi simultané de ces deux contiguïtés (le T). Mais de là, nous connaissons aussi les trois moyens de produire de l’ambigu à partir de l’impossible : en laissant planer un doute sur le contact entre éléments d’une figure unique et fermée (la Tripoutre à contact équivoque), ou sur son contact au sol (le Pont de B.), ou bien encore en mettant en doute l’un des contacts d’une figure multiple et ouverte (le T).

 

 

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