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"De l'orientation de l'espace : Des retournements" |
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Octobre 2010 Si le concept de palindrome visuel (WikipediaPalindrome), qu'il soit horizontal ou vertical, permet de mieux comprendre les ambiguïtés d'orientation dans la latéralité de l'espace, nous allons maintenant utiliser l'ambigramme (WikipediaAmbigramme) afin d'aborder les retournements de l'image.
RETOURNEZ-VOUS ! Pour retourner cette image et accéder ainsi à sa signification cachée, vous avez trois solutions : taper le raccourci qui permet de retourner l'image de l'écran, faire le poirier ou retourner votre ordinateur sens dessus dessous. Cette gravure est de Matthäus Merian, peut-être le jeune, peut-être l'ancien, ou bien encore le jeune, qui devenu vieux, se serait alors intéressé au thème de la Vanité cachée en cette gravure.
Cette technique très répandue peut donner lieu à d'infinies variantes. Ainsi, cette publicité, Laid by The Best, visible sur les pages jaunes anglaises il y a déjà longtemps, révèle un sens caché que seuls certains maladroits qui compulsent les annuaires à l'envers ont pu, un jour, découvrir (pour l'historique de cette image, voir la webo en bas de page).
Jusqu'ici, nous sommes restés dans l'image, sans nous demander ce qu'il pouvait en être du réel. Il est vrai que seul un yogi faisant la posture sur la tête penserait à regarder le monde à l'envers pour aller plus haut. Et c'est pourtant ce que nous allons faire en affirmant que le monde peut être retourné, sens dessus-dessous, sans que cela ne nuise à sa vision. Pour cela vous voudrez bien observer l'image suivante, qui, constituée de caillasse, de terre et d'eau, est des plus banales.
C'est ainsi, que cette même image renversée tête-bêche laisse maintenant apparaître les touristes égarés dans la rocaille, touristes que vous aviez perçus, il y a peu, comme des taches minérales ou végétales de couleurs vives.
À prendre un autre élément du monde, l'eau, le même phénomène va se reproduire. Sur un rocher un muret en ruine semble subir l'assaut des vagues. Sur ce même rocher renversé à la mer retournée, un phare se dresse maintenant. face à l'océan.
En ces images dépourvues de contexte (il a bien fallu effacer le phare de la première marine), nous voyons que les quatre éléments n'ont pas d'orientation innée. Tant que nous ne possédons pas de repères spatiaux (une simple ligne d'horizon, ou, pire encore, des constructions, déjections ou cohortes d'humains), la surface de la terre reste insensée. Les quatre éléments n'ont pas de forme, pas de haut et de bas, de gauche et de droite, pour que nous puissions y poser un regard assuré, conquérant et dominateur. C'est ainsi que Monet en est arrivé à l'abstraction du monde visible : certains de ses Nymphéas peuvent être retournés tête-bêche sans que nous ne réagissions à cette inversion.
ALLONGEZ-VOUS ! Cette fois, il vous sera simplement demandé de vous allonger, afin de passer de votre position de chasseur paléolithique à celle de rêveur romantique contemplant l'illusion du monde. Si le portrait cubiste "inventé" par Dali (voir ce lien hors-site : Visage cubiste) est sans doute l'image la plus célèbre et la plus emblématique, le peintre ne s'en est pas moins inspiré d'oeuvres classiques. À la suite de son maître, Matthäus Merian, Wenceslaus Hollar a ainsi réalisé nombre de paysages anthropomorphes. Ce paysage fait partie des innombrables têtes-paysage que ce siècle et le suivant ont pu produire.
Mais encore une fois, l'image n'est pas le monde et il serait bon de savoir ce qu'il en est du réel. Au premier abord, vous pourriez voir ci dessous une gueule cassée de la première guerre mondiale ou un elephant-man de l'ère victorienne. Mais à pencher la tête une nouvelle fois vers la gauche, vous découvrirez le chien qui sommeille en cet homme. Pourtant, l'esprit toujours aussi vif, vous pourriez rétorquer que nous avons là des créations humaines qui se contentent de copier-coller le réel. Soit !
Le rêveur a un bouton rouge sur le nez qui le démange, qui le démange. Cet endormi ne semble pas voir qu'un moustique breton s'est posé sur son appendice nasal. Pour vous éviter d'avoir à pencher de nouveau la tête, ce qui après tant d'efforts pourrait bien être la cause d'un torticolis cervical dont je ne saurai jamais si celui-ci s'applique à vos vertèbres ou à votre cerveau, l'image suivante vous est proposée dans le bon sens, bon sens que vous croyiez avoir perdu après avoir fait le poirier en début de page.
Camille était donc là, assise en rouge sur un rocher de la côte de granit rose, sous un lumineux ciel bleu d'hiver.
CONCLUSION TEMPORELLE TEMPORAIRE Si nous avons jusqu'ici délaissé notre sempiternelle classification plastique, ce n'est pas tant pour alléger un discours que vous ne supportez plus en ses éternels rabâchements, qu'en raison d'une situation des plus simples : nous avons là des superpositions équivoques d'orientation du support. C'est ainsi qu'en chacune de ces images, un même élément supporte deux significations différentes lorsque son support est tourné à 90° ou retourné à 180°. Les retournements seraient donc d'une simplicité biblique, si ce n'est que les deux cartes postales posent un problème. Avec ces images, nous ne serions plus dans le champ de la figure (un élément faisant figure sur un fond anecdotique), mais dans celui du fond en ce que la terre et l'eau occupent la totalité de la surface. De même, pouvons-nous parler d'une seconde signification puisque l'océan reste l'océan et la montagne persiste à être la montagne. Nous atteignons là une insupportable mais significative ambiguïté de la langue française. La phrase qui suit permet, en dépit de toute logique, d'annuler la différence que nous venons de marquer :
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WEBOGRAPHIE BONUS
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