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"Mes photos concavexes, page 5" |
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Juillet 2020 INTRODUCTION 1. LE DIÈDRE DE MACH
Cette autre photo est moins évidente à décider. Alors que la convexité des deux pans marrons est bien lisible au sommet en dépit de la présence d'un tuyau fuyant, la base pose problème. On peut facilement imaginer une forme convexe qui viendrait masquer l'angularité du mur Cette situation est due à la découpe inférieure du pan gauche. En ne respectant pas les deux orientations des lignes d'une image composée de verticales et de fuyantes, cette découpe singulière nous laisse croire à une convexité illusoire.
Ici, dans cette voute ouzbèque, un même motif de briques offre trois interprétations spatiales. Vous pouvez tout d'abord voir les motifs symétriques comme étant concaves ou convexes. Lorsque l'interprétation visuelle choisit la concavité, les briques entourées de nervures paraissent des conduits qui plongent vers le bas. Lorsque l'interprétation est concave, ces mêmes motifs ressemblent à des consoles architecturales qui se soutiendraient les unes les autres. Enfin, bien qu'étant la moins évidente, la dernière interprétation est celle qui prévaut dans la réalité. Toutes ces briques qui paraissent pliées autour d'une ligne centrale et verticale sont plates, bien que formant, dans leur ensemble un espace bombé. Pour s'en convaincre, il suffit de suivre du regard les nervures encadrantes. Ces dernières n'offrent à aucun endroit une quelconque pliure dans un sens ou dans l'autre, mais indiquent une trajectoire rectiligne légèrement courbée. Ainsi, en dépit de l'importance des nervures qui ordonnent et soumettent les jeux de briques, le motif du dièdre en arrive à créer du creux et du plein là où tout n'est que douce courbure.
Passons maintenant à un autre motif fort utilisé dans l'architecture ouzbèke. 3. LES CUBES DE BEAUNIS
Nous avons là en fait un claustra, cette surface ajourée qui, dans les mosquées et les médersas, sépare l'intérieur de l'extérieur du bâtiment. Ainsi, plutôt que de voir un cube, vous devrez, en faisant, il est vrai, certains efforts, reconstruire l'hexagone, qui, au centre des disques évoqués plus haut, permet de laisser passer la lumière. Et c'est ainsi que vous passerez du plein au creux. 4. LA FIGURE DE THIÉRY
Sachant que cette face est commune aux deux parallélépipèdes antagoniques, nous obtenons bien là une figure de Thiéry. 5. L'ESCALIER DE SCHRÖDER
Voilà donc cet escalier apparemment impossible résolu. Passons maintenant aux formes courbes. 6. LES COURBES
Avec cette autre photo, les ombres pourraient expliquer le renversement des courbures. Nous avons là un de ces bossages qui, à Paris et sans doute ailleurs, empêchent, entre autres, les gens d'uriner. Cela étant, nous avons une forme convexe qui vient obstruer le pli concave de l'angle du mur. Pourtant, dès que je revois cette photo, j'ai le sentiment de voir dans la partie haute un saillant qui, plus bas, aurait été creusé afin qu'un promeneur ne puisse trébucher contre son arête.
Avec cette photo, l'ombre supérieure située à droite incite sans doute au renversement de la courbure. Comme nous l'avons vu dès la première page avec l'illusion des disques, une ombre située dans la partie supérieure crée une concavité car les ombres des formes convexes sont généralement situées à leur base. Ici, l'ombre étant située dans la partie supérieure, le système perceptif imagine une forme concave en lieu et place de la bosse de maçonnerie. Une autre coupole va maintenant nous intéresser, celle de l'église San Cataldo de Palerme. Avec cette première vue, vous pourriez croire qu'une barrique a été montée jusqu'à la base de la coupole pour être placée entre les deux trompes d'ange. Pourtant, nous avons là un arc en plein cintre qui, avec les trompes d'ange permet le passage de la forme carrée de la base au cercle de la coupole dont nous apercevons le cordon.
Cette autre vue d'une coupole de l'église entretient une autre équivoque spatiale. À regarder les quatre angles, vous pourriez croire que des tombes, sarcophages arrondis posés sur des socles, ont étéplacées aux quatre coins. Pourtant, si vous revenez à la photo précédente, vous devrez bien admettre que nous retrouvons là les trompes d'ange encadrant les voutes cintrées.
Mais, ici malgré ma connaissance de la forme de cette trompe d'ange, je n'arrive pas à visualiser sa concavité, et reste persuadé d'être en présence de sarcophages célestes. 7. LES OMBRES
Avec cette autre photo d'un claustra ouzbek, nous voyons vraiment le travail des ombres à l'oeuvre. Mais avant cela, si vous voyez des cubes en lieu et place des hexagones qui composent les trouées du claustra, c'est que l'angle de vision choisi crée des coïncidences illusoires de contact entre l'épaisseur du matériau (les bandes grises de chaque trouée) et les angles de chaque hexagone. Ce n'est qu'ensuite, que n'étant pas habitués à ce que le sommet des volumes soit dans l'ombre, nous pensons voir des cubes en plongée en lieu et place des ouvertures en contre-plongée.
Voilà donc ce qu'il peut parfois en être de la présence d'ambiguïtés du concavexe dans la réalité du monde tridimensionnel. 8. AUTRES
Voici maintenant un éléphant ouzbek. Cette cuve métallique, pour une raison autochtone inconnue, n'a été, de même que le mur, peinte que d'un seul coté. De ce point de vue précis choisi par le photographe averti, nous retrouvons, grâce à une ligne blanche, l'alignement vertical de la photo précédente. Si faute d'autres alignements, l'image est moins dérangeante, certains pourront pourtant être sensibles àun aplatissement supposé de la cuve, tandis que d'autres croiront à une convexité illusoire de l'angle du mur.
Voilà c'est fini. Il nous aura fallu cinq pages pour commencer l'exploration des figures concavexes. Certaines formes de cette catégorie particulière d'ambiguïté ont certainement été oubliées, et beaucoup plus de figures, de dessins et de photographies restent encore à trouver.
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