LISTE

"Les superpositions équivoques de la figure"

 


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Vous trouverez ci-dessous une liste de paradoxes de la langue qui, d’après moi, utilisent le principe de la superposition équivoque pour en arriver à ces incohérences particulières du langage. Si vous désirez comprendre les raisons pour lesquelles ce mécanisme plastique hérité de la classification des images impossibles et ambiguës a été appliqué aux paradoxes de la langue, veuillez consulter la page intitulée :
“L’ambigu de la figure”

1. CITÉS PAR BERNARD DUPRIEZ

AMBIGUÏTÉ (p. 38)

“Monsieur le juge d’instruction, j’en ai aussi moi de l’instruction.”
COCTEAU, Fantôme de Marseille, p. 89.

“Notons que le cinéma est la seule activité humaine où d’abord on réalise, ensuite on projette.”
L-M TARD, Si vous saisissez l’astuce, p. 77.

“Nos hommes d’état ont tout pour eux.
(C’est pourquoi, d’ailleurs, il ne reste rien pour les autres)”
ROCHEFORT , la Lanterne, n° 1.

"La critique de Dubois"
"Le complément du nom avec de est facilement ambigu, car le second nom peut aussi bien être sujet qu'objet de l'action du premier. Dans la critique de Dubois, on dit qu'il y a génitif subjectif si Dubois critique et génitif objectif s'il est critiqué."

AMPHIBOLOGIE (p.40) : ambiguïté d’origine grammaticale.

“Ah! que je suis fatigué! Tout de même, il est midi!... Et midi, c’est une heure!... Non, midi, ce n’est pas une heure, c’est midi!... Ah! je ne sais plus ce que je dis!...”
FEYDAU, Occupe-toi d’Amélie, 2, 1.

“Voici l’homme.”
PILATE

ANNOMINATION (p. 48) : remotivation du nom propre.

“Je te dis que tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église.”
Évangile selon Matthieu, 14, 18.

“Ah! qu’il est malin le Malin.”
VALÉRY, Mon Faust, dans oeuvres, t. 2, p. 346.

ANTANACLASE (p. 50) : diaphore prenant place dans un dialogue.

“ PROTÉE- Ah, je voudrais la voir
BRINDOSIER- Vous voudriez l’avoir?”
CLAUDEL, Protée.

CALEMBOUR (p. 101) : jeu de mots ressemblant par le son, différents par le sens.

“Monsieur de Bièvre disait que le temps étant bon à mettre en cage, c’est à dire serein.”
LITTRÉ.

“La société des amis de l’ABC.”
HUGO.

DIAPHORE (p. 155) : répétition d’un mot avec une nouvelle nuance de signification.

“Le coeur a des raisons que la raison ne connaît pas.”
PASCAL, Pensées, IV, 277.

“Il est notoire que les sujets sérieux exigent d’être traités par des sujets sérieux.”
VIAN, Approche discrète de l’Objet.

ÉQUIVOQUE (p. 197) : introduction d’un deuxième sens distinct dans une phrase.

“Décochons, décochons, décochons des traits,
et détrui, et détrui, détruisons l’ennemi.
C’est pour sau, c’est pour sau, c’est pour sauver la patrie!”
JARRY

“Il sut aimer/ Il sut t’aimer.”

HOMONYMIE (p. 233)

“On la tirait, on l’attirait.”
QUENEAU, Pierrot mon ami, p. 13.

“Je la vois comme je voulais la voir, l’ai comme je voulais l’avoir.”
DUCHARME, l’Avalée des avalés, p. 127.

JEU DE MOTS (p. 269) : on joue soit sur le signifiant, soit sur le signifié.

“Exécutez cette ordonnance... Le pharmacien... l’introduisit dans une petite guillotine de bureau.”
VIAN, l’Écume des jours, p. 94.

“À défaire à son tour, il ne défera pas sa première défaite.”
JOYCE, Ulysse, p. 188.

KAKEMPHATON (p. 273) : rencontre de son d’où résulte un énoncé déplaisant.

“Fruits purs de tout outrage.”
BAUDELAIRE.

SYLLEPSE DE SENS (p. 434) : un mot est employé à la fois au propre et au figuré.

“Quel est le comble de l’habileté pour un plongeur, sur un paquebot? Essuyer une tempête.”

“Je souffre tous les maux que j’ai faits devant Troie/Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé/Brulé de plus de feux que je n’en allumai.”
RACINE, Andromaque.

“On risquera de sauter, dites-vous?... Quoi de plus gai qu’une petite sauterie, après dîner?”
ALLAIS, La Barbe et autres contes, p. 142.

2. CITÉS PAR NICHOLAS FALLETTA

“Le comédien Dick Gregory raconte qu’il était assis dans un restaurant du Mississippi au temps de la ségrégation raciale. La serveuse lui dit : “Nous ne servons pas les gens de couleur.” “Pas de problème, répondit-il, je ne mange pas de gens de couleur, je voudrais un morceau de poulet.” p. 111

“Décision du juge du New Jersey sur une plage de nudistes.” p. 116

“Le parc est tout vert/ est ouvert au printemps.” p. 159

“Les petits trous/petites roues sont beaucoup plus efficaces.”

“Celle qu’il aime n’est pas celle qui l’aime.”

“Vincent mit l’âne...”

“La vieille demeure altière...”p. 207

“Mary had a little lamb...”p. 208

“Le Docteur Tackett donne une conférence sur la lune.” p. 210

3. CITÉS PAR UMBERTO ECO

“... bois pour un locuteur français embrasse aussi bien le bois de chauffage, que le bois de construction (qu’un anglais nommerait timber) ou le bois comme ensemble d’arbres (qu’un italien nommerait bosco)”.
Kant et l’ornithorynque, p. 261, Grasset, 1999.

“Lorsque nous parlons de Socrate, en nous référant donc à quelqu’un qui est mort, et exprimons nos opinions sur lui, nous utilisons en fait l’expression Socrate en un sens nouveau... Il est utilisé de façon ambiguë par rapport au sens qu’il avait lorsque Socrate était vivant. Le terme linguistique demeure, mais il demeure seulement en tant que substance privée de la ratio ou de cette corrélation sémantique qui fait d’une occurrence matérielle un mot.
Kant et l’ornithorynque, p. 425, Grasset, 1999.

“Bacon cherche ici à mettre en lumière le fait que lorsqu’on dit homo currit, le mot homo n’est pas utilisé dans le même sens que dans l’expression homo est animal. Dans le premier cas, c’est un individu qui constitue la référence,; dans le second c’est une espèce. Une même expression peut donc être employée de deux façons différentes et ambiguës.
Kant et l’ornithorynque, p. 425, Grasset, 1999.

4. DIVERS

HOMOPHONIE

Mer, maire, mère

HOMOGRAPHIE

Bière et bière

Balle et balle

HOMONYMIE PARFAITE (homophonie + homographie)

Bière et bière

Balle et balle

Bureau et bureau (extension de sens par métonymie)

Enfant : bébé ou descendant d’un couple de vieillard.
BRONCKART, Théories du langage, p. 162-163, Margada, 1977.

HOMONYMIE PARTIELLE

Mer, maire, mère

Brun, brin
BRONCKART, Théories du langage, p. 151, Margada, 1977.

"J'aime fortune" ("J'aime fort Une")
GENOUILLAC Galiot de, devise, XVIème.

LAPSUS
Le lapsus, qu’il soit scriptae ou linguae, peut ainsi être considéré comme une superposition équivoque. Chacun sait qu’un signifiant, distinct de celui qui était attendu, vient se glisser à la place d’un autre pour aboutir au lapsus. Pourtant, malgré la superposition ainsi opérée, nous arrivons en général à retrouver assez facilement le sens correct et originel de la phrase qui a été recouvert. Malgré l’altération du signifiant, nous rangerons le lapsus avec les superpositions équivoques de la figure, non loin des homophonies et homographies.

 

 

 

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