Étendard, Bondy, 2007.
"Darty, 1", photo à contact ambigu.
precedent suivant

 


PLANSITE--------SITEMAP----

 

DÉBUT DES PHOTOS AUX CONTACTS ÉQUIVOQUES AVEC DÉPLACEMENT.

Ainsi, par ce sombre dimanche matin d'automne, avant de faire votre réserve hebdomadaire de spaghetti au Monoprix du coin, vous étiez passé chez Darty pour acheter le dernier modèle d'écran plat qui fait baisser les prix tout en vous permettant de garder la ligne. C'est ainsi qu'imbibé de la bière ingurgitée la veille, ou pire le matin même, vous vous laissiez guider par le fanion de l'enseigne : ce disque blanc dans un carré rouge que certains constructivistes russes n'auraient pas renié. Ah ! Mais c'est que le vent soufflait ce matin là, tendant l'étoffe et accentuant la gîte pourtant déjà forte de votre carcasse. C'est alors que, voulant contourner la bicoque aux paraboles par la droite, vous fîtes un pas de coté, qui eût pour effet, momentané il est vrai, de dégriser votre cerveau en même temps que d'interrompre, tout aussi momentanément, le doux mouvement de balancier de vos chaussures à bascule.
Car arrivé là, bien qu'en relative bonne santé, vous n'en crûtes pas vos mirettes. Une hallucination visuelle venait de pénétrer par effraction vos globes oculaires. Non pas de celles, qui tels ces
Éléphants bleus poussant au bord des nationales, s'avèrent parfois utiles pour prendre une douche les nuits de grande beuverie. Non ! Une hallucination toute simple qui fait que quelque chose d'inanimé, de figé et d'immobile semble soudain se déplacer à l'intérieur de votre champ visuel, laissant craindre l'esquisse d'un début de delirium tremens, cette fleur latine que vous n'aviez encore jamais croisée sur votre chemin. Mais fort de votre bon droit et de votre bonne santé, vous trouvez bien vite une solution : si l'enseigne de Darty s'est déplacée c'est que le vent vient de tourner.

 

"Darty, 2", photo à contact ambigu.

 

Oh, aimable buveur, nous savons bien que le vent peut passer du nord au sud, de l'est à l'ouest, sans entamer pour autant votre perpétuelle oscillation physique. Mais, il n'en peut aller de même de votre oscillation mentale. Car l'avez-vous remarqué : ce n'est pas tant le fanion qui a tourné que la mât qui a changé. Un pas à gauche et l'enseigne était conjointe au poteau situé à sa gauche, un pas à droite et c'est maintenant celui de droite qui porte ses couleurs dans les airs. Auriez-vous donc trouvé, au cours de vos pérégrinations post ou pré-éthyliques matinales, le drapeau sauteur ?

Non, vous n'y êtes pas. Ce jour là, il n'y avait pas de drapeau, il n'y avait pas de mât et peut-être n'y avait-il pas non plus de vent. Car ici, à Bondy comme en d'autres banlieues riantes, une enseigne lumineuse rigide est depuis longtemps fixée à la façade de tôle du magasin. Quant aux mâts, ce sont les réverbères, qui, disposés de part et d'autre de la nationale, permettent au chaland motorisé de contempler la beauté nocturne des grandes surfaces disséminées le long de cette artère prolétaire. Ce sont donc deux contiguïtés illusoires et successives qui ont pu vous laisser croire qu'un oriflamme était accroché aux lumineux mâts de cocagne de cet enthousiasmant paysage de société de consommation.

 

NOTA BENE
Vous pourriez voir d'autres déplacements variables et variés, aussi appelés déambulations, donnant lieu à des ambiguïtés spatiales plus évidentes en suivant un des liens suivants :
Déambulation aux trois contacts équivoques
Déambulation aux trois principes plastiques de l'ambigu

 

 

 

RETOUR AU SOMMAIRE

RETOUR À L'ACCUEIL

precedent suivant