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"Les faux raccords en photographie, page 1" |
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Novembre 2017
FAUX RACCORDS ET REPRÉSENTATION EN DEUX DIMENSIONS Depuis quelque temps, et peut-être plusieurs années le web affiche des photographies présentant des corps qui, au premier abord, semblent incohérents. Ces IMAGES déMONTRENT QUE notre système perceptif éprouve parfois des difficultés à raccorder les différentes parties du corps ! Des têtes ne sont pas accordées avec le bon torse tandis que des jambes ne trouvent pas le bon corps. Ces ratés de la perception devraient intéresser les cognitivistes. LES FAUX RACCORDS DES CORPS 1. LES TÊTES ET LES CORPS Cette photographie du magazine Life exprime de manière simple le principe du faux raccord : un élément d'un corps éprouve des difficultés à être raccordé avec le reste de son corps. Ici, par exemple, nous ne savons pas si la tête appartient au corps gauche ou au corps droit.
Malgré ce qui vient d'être dit, il est possible de trouver des images qui remettent en question la profondeur de l'espace. Ainsi, la tête, ci-dessous, semble reposer sur un corps immense. Mais cette distorsion ne nous laisse pas démuni. Bien, vite, nous sommes amenés à supposer qu'en penchant sa tête vers la table, le personnage de dos placé au premier plan laisse apparaître la tête du personnage situé en son avant.
Malgré ce que nous croyons voir dans la photographie suivante, nous savons bien que l'énorme tête masculine ne peut être raccordée à ce corps gracile et féminin. Là encore, nous devons faire un travail de lecture de l'image afin que la réalité spatiale apparaisse enfin : la tête de la femme penchée sur son ami est totalement cachée par la tête de l'homme. Et, comme de par sa position et sa direction, cette tête peut tout autant être raccordée au chemisier blanc de la femme qu'au polo noir de l'homme, l'ambiguïté s'installe. C'est ainsi qu'à vouloir regarder par dessus l'épaule de son compagnon, cette femme perd la tête.
2. LES JAMBES ET LES CORPS Parfois ce sont les jambes et les corps qui semblent dépareillés ou mal appareillés. Une jeune femme en robe noire semble portée à l'horizontale par un couple en jean. Pourtant, il est ici facile de reconstituer la position réelle des corps. C'est le personnage central, portant écharpe, qui est soulevé dans les airs par l'homme et la femme situés à sa gauche et à sa droite. Comment cette disposition des corps, plus habituelle et plus logique, a-t-elle pu être remise en cause par une position moins courante et plus délicate à tenir ?
Cette autre photo pose des problèmes différents, bien que nous retrouvions les faits plastiques précédents. Ainsi, les couleurs s'accordent pour que les jambes repliées soit associées à l'homme et les jambes portantes à la femme. De même, les directions des différentes parties du corps font que la courbure de l'homme soulevé dans les airs reste acceptable, tandis que la verticalité de la femme semble réelle. Mais des élément qui relèvent plutôt du sémantique peuvent encore entrer en jeu. Tandis que le bras apparemment ballant de l'homme laisse entendre qu'il est passif, les bras et mains contractés de la femme laissent à penser qu'elle porte l'homme.
La dernière image de cette page concerne cette fois un seul corps, qui, par un jeu complexe d'ambiguïtés, laisse croire à la présence d'un second personnage. L'homme assis sur son scooter à une jambe repliée de telle manière que cette dernière peut faire croire à la présence d'une femme casquée de bleu et penchée vers l'avant. Pourtant, des éléments manquent. Lorsque nous contemplons la femme nous ne comprenons plus où peuvent être les jambes de l'homme et lorsque nous observons l'homme, il n'y a plus de femme. Cette image diffère donc des précédentes, puisqu'ici, un des corps est totalement inventé à partir d'éléments disparates qui ne correspondent pas au corps d'une femme réelle. Ainsi, nous sommes amenés à balancer d'une interprétation à l'autre. Nous savons bien qu'il n'y a là qu'un personnage et ne pouvons pourtant, malgré les faits, nous empêcher d'imaginer le second. La force des analogies formelles, des fausses contiguïtés et des faux raccords est ici telle que nous plaçons sur un même pied le réel et sa perception déformée.
Mais le détail de la jambe commune aux deux personnages, n'est pas sans rappeler une autre pratique : la Triscèle. Dans une triscèle classique une jambe peut être associée à la précédente ou à la suivante pour être comprise comme un couple. De même qu'ici la jambe tendue peut tout autant être attribuée à l'homme qu'à la femme. PAGE SUIVANTE : Les faux raccords en photographie, page 2.
WEBOGRAPHIE http://www.deceptology.com/2012/06/which-girl-does-he-carry-optical.html ICONOGRAPHIE Voir la page consacrée aux Triscèles et Triple-faces.
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