ARTICLE |
"Figures retournables réversibles et réversibles retournables" |
||||
|
|||||
Janvier 2008 Certaines figures ambiguës sont parfois diffciles à placer dans la taxinomie des impossibilités et ambiguïtés de la repésentation spatiale. Ces dernières semblent pouvoir appartenir à deux catégories différentes de la classification défendue ici. Mais en quoi une image ne pourrait-elle pas associer deux principes plastiques différents de l'ambigu ? Pourquoi se refuser ce plaisir ? Voilà ce que cette page va essayer de montrer. LES FIGURES RÉVERSIBLES CLASSIQUES Les figures réversibles connues travaillent deux champs différents de la représentation spatiale. Ainsi, tandis que le Cube de Necker (ci-dessous à gauche) offrent deux vues différentes sur son volume, l'une en plongée, l'autre en contre-plongée, le Dièdre de Mach (ci-dessous à droite) nous fait passer d'une vue convexe (une tente plantée au sol) à une vue concave (un livre ouvert à la verticale) de son pliage, dans les deux cas perçu d'un point de vue supérieur.
LES FIGURES RETOURNABLES CLASSIQUES Les figures retournables, parce qu'elle participent habituellement de l'ambiguïté sémantique, nous font quitter la problématique spatiale précédente. De ces dessins, nous pourrions dire que ce sont des double-images qui, se servant seulement la figure (à la différence du Vase de Rubin qui utilise tout autant la figure que le fond de l'image), doivent être retournées à 180° (parfois à 90°) pour laisser apparaître la deuxième interprétation.
Peu après, cette gravure de Matthieu Mérian (mais j'ignore si celle-ci est l'oeuvre du père, dit le vieux, ou du fils, dit le jeune, parfois prénommé Gaspard) traîte un thème classique : la Vanité. Ainsi, l'opposition sémantique ici choisie est à l'évidence celle de la vie, de l'opulence, de la puissance face à la mort future et inévitable.
Arcimboldo ne pouvait bien évidemment pas ne pas utiliser ce procédé afin de fournir une nouvelle toile et une nouvelle énigme au cabinet de curiosités de son protecteur praguois. Mais, plutôt que d'opposition, nous devrions parler cette fois de complémentarité sémantique, puisque nous avons ici la représentation d'un métier et des ingrédients nécessaires à son exercice.
Un peu plus tard Pierre Bérault dans un livre : The Church of Rome, seulement publié en 1682, reprend le principe de la tête de Luther, mais cette fois pour s'attaquer à l'église catholique romaine. Car en cette image gravée dès 1671, c'est le pape qui maintenant se transforme en fou.
Encore plus tard, un dessin sur papier vergé de Mitelli,conservé à la Biblioteca dell'Archiginnasio à Bologne propose une opposition sémantique peu flagrante, puisque nous pensons avoir deux visages aristocratiques à la gaieté apparemment contenue. Mais, d'après certains historiens, la tête coiffée de plumes pourrait très bien représenter l' Amérique.
Puis, au dix-neuvième siècle, cette technique fût encore utilisée pour des caricatures, mais qui pouvaient tout autant attaquer la politique qu'évoquer certains désagréments de la vie quotidienne tel que le mariage. Bien que l'opposition entre l'homme et l'animal soit évidente, la métaphore utilisée en cette nouvelle image, nous amène à penser que nous sommes ici dans le domaine de l'association, en ce que Badinguet était le surnom donné à Napoléon III.
Enfin, nous nous arrêterons à Rex Whistler, dessinateur américain du vingtième siècle, qui s'était fait une spécialité des figures retournables. Ici, un grand classique de l'opposition sémantique : le gai et le revêche, qui pouvait encore donner lieu à d'autres opposotions : la jeune fille/la vieille femme, l'homme/la femme,...
LES FIGURES RETOURNABLES RÉVERSIBLES Nous en arrivons maintenant à des figures que nous pouvons qualifier d'hybrides en ce qu'elles sont tout autant retournables que réversibles. Ces figures connues depuis longtemps reviennent à une problématique de la représentation spatiale en ce qu'elles opposent le concave au convexe. Mais comme nous venons de le dire, à la différence du Dièdre de Mach, nous ne pourrons percevoir leur réversibilité spatiale qu'à partir du moment où une rotation de 180° est effectuée. C'est en cela que nous pouvons parler de figures réversibles retournables ou bien encore en retrournant la formulation de figures retournables réversibles.
Le seul problème est que tous les exemples de figures retournables réversibles que vous pourrez trouver sur le web ou dans les recueils d'illusions d'optique présentent des formes circulaires ou tout au moins courbes, donnant ainsi le sentiment que ce type de figure ne connaît pas la ligne droite. Cette situation est injuste en ce que les formes géométriques composées de lignes droites peuvent, elles-aussi, donner lieu à la même ambiguïté spatiale.
POST-SCRIPTUM Une autre catégorie de figures retournables n'a pas été abordée ici afin de ne pas alourdir le propos. Ces figures personnelles qui semblent offrir au premier regard une impossibilité spatiale s'avèrent possibles lorsqu'elles subissent une rotation de 180°. Plusieurs tableaux regroupent ces figures que vous pourrez contempler en cliquant sur les liens suivants :
ICONOGRAPHIE WEBOGRAPHIE
|
|||||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |